vendredi 28 octobre 2011
Rigueur programmée
Avec raison, dans une dramaturgie de bon aloi en période déjà électorale, le président Sarkozy a insisté sur la « convergence » franco-allemande. Sans elle, rien n’aurait bougé à Bruxelles. Toutefois, Nicolas Sarkozy pèche par omission d’une vérité qui fera date en Europe : l’Allemagne est aujourd’hui la locomotive, la France un wagon. Le premier, certes, du train « Eurogroupe » mais un train tracté par une machine forgée au Bundestag avec Angela Merkel aux manettes. Car pour parvenir à l’accord de Bruxelles, Paris a abandonné toutes ses prétentions : le fameux FESF ne sera pas une « banque » qui puiserait dans la BCE et, malgré les réticences françaises, les établissements financiers ont dû « volontairement » accepter une décote de 50 % de la dette grecque.
Les marchés ont dans un rebond spectaculaire salué cette volonté politique marquée par la rigueur chère à nos voisins, même si des zones d’ombre subsistent puisque les intentions doivent encore être transformées en actes. Par exemple, pour l’application de la décote ou les mécanismes du « levier » qui doit démultiplier la « force » du FESF. Pour son « carburant » aussi, avec une part chinoise problématique.
Et il y a l’avenir. Le système amorcé à Bruxelles ne se maintiendra pas sans un gouvernement économique, officiel ou officieux, de la zone euro. Cette gouvernance sera à l’allemande sous une surveillance stricte des critères de Maastricht de nouveau érigés en panacée universelle. Une certaine forme de fédéralisme devient enfin évidente. Mais que d’efforts seront exigés des Français ! Le bon ordre budgétaire sous contrôle européen entraînera forcément une réduction des dépenses et quelques coupes drastiques ici ou là, peut-être plus acceptables sous une justice fiscale et sociale. On comprend que le président-candidat, tout en insistant sur les réformes déjà menées, ait été plutôt discret sur le sujet comme il l’a été sur un problème plus immédiat : la loi de finances rectificative devant tenir compte des prévisions de croissance en baisse.
Sauf reprise mondiale et redémarrage de l’activité sur chapeaux de roue, sauf changement de politique à l’échelle européenne, les temps à venir seront ceux de l’austérité, bien que le mot reste tabou : une France en état de faiblesse, « second » économique inquiet pour son triple « A », également devenue « second » politique, aura du mal à résister aux vents dominants. Quel que soit le nom du futur président de la République.
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