mardi 13 septembre 2011
S'il n'y avait que le risque grec...
Face aux atermoiements politiques, la réponse des Bourses ne s'est pas fait attendre. Avec la propension à l'excès qui les caractérise, elles ont fait descendre, une nouvelle fois, les valeurs bancaires françaises aux enfers.
On peut certes se rassurer, à bon compte, en rappelant que le CAC 40 est une loupe grossissante, déformante... et inexacte. Assurément, les banques tricolores n'ont pas perdu les trois quarts de leur valeur réelle en deux semaines de plongée boursière. Il n'empêche. Dans un climat anxiogène où plus personne ne fait confiance à personne (pas même les banques entre elles), les Bourses restent, qu'on le veuille ou non, un formidable révélateur de risques... Et malheureusement, un accélérateur.
Les marchés, avec leur outrance moutonnière habituelle, mettent le doigt là où ça fait mal. En pulvérisant la langue de bois et une certaine arrogance des banquiers et des assureurs, eux aussi embarqués dans l'aventure. En pointant le risque de faillite de plus en plus menaçant en Grèce. Encore faut-il remarquer que ce pays n'est que la partie émergée de l'iceberg du danger. Foncièrement, les banques françaises ont les moyens de faire face à la faillite grecque. Personne n'en doute vraiment. C'est l'après qui pose problème, c'est-à-dire le probable effet domino d'une crise de la dette publique passant les frontières, bousculant l'Italie et l'Espagne. Les enjeux et les risques financiers des groupes tricolores seraient alors démultipliés.
À coup sûr, un défaut italien ou (et) espagnol serait catastrophique pour nos banques. Pis, pour la croissance, avec l'amorce d'une nouvelle spirale du pire : rationnement du crédit bancaire, asphyxie d'une économie déjà à la peine, récession, chômage massif accru...
On n'en est pas là, fort heureusement, mais trop de clignotants rouges s'allument pour que les politiques puissent se contenter, comme aujourd'hui, de propos vaguement rassurants. La demande insistante de recapitalisation des banques européennes de Christine Lagarde, les menaces de mauvaise note des agences de notation, les confessions tardives des banques elles-mêmes sur leurs expositions risquées, la méfiance des prêteurs américains, les dissensions au sein de la BCE : tout se cumule pour accroître les incertitudes et les peurs, pour accréditer un scénario noir. En prime, les banques font elles-mêmes l'aveu le moins rassurant quand elles reconnaissent ne se prêter entre elles qu'au compte-gouttes et à très court terme.
Bref, l'idée inédite de repasser aux guichets de l'État pour renflouer les banques - ou les prémunir du pire - refait recette. La nationalisation bancaire, fut-elle partielle et passagère, est-elle envisageable en France ? À supposer que sa nécessité soit avérée au-delà des avatars boursiers du moment, elle aurait quelques avantages, ne serait-ce que de contraindre la banque à se recentrer sur sa mission centrale : financer l'économie.
Mais elle se heurte évidemment à un double verrou. Idéologique : aux antipodes du Royaume-Uni, parangon du libéralisme qui avait sauvé une partie de ses banques en 2008 en les nationalisant le temps nécessaire, la France reste en la matière engoncée dans des querelles de religions paralysantes. Prosaïque : désargenté et en pleine cure de désintoxication budgétaire, l'État n'est sans doute pas très pressé de se porter au secours d'institutions bancaires dont les comportements, loin d'être exemplaires, rebutent toujours autant l'opinion...
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