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mardi 6 septembre 2011

Le suspense des sénatoriales

Le suspense des sénatoriales Une élection peut en cacher une autre. Avant la présidentielle, nous suivrons le renouvellement, le 25 septembre, de la moitié du Sénat. Même si les citoyens ne votent pas - les sénateurs sont les élus des élus - ce scrutin va être regardé de très près. Pour quatre raisons.

Premièrement, le débat sur la nature du Sénat, cette « anomalie démocratique », disait Lionel Jospin pour s'étonner qu'il échappe à toutes les alternances politiques, va une nouvelle fois s'ouvrir. La surreprésentation des zones rurales, en particulier, est caricaturale : un sénateur pour 65 000 habitants dans la Creuse, un pour 271 000 habitants dans le Var.

Dans le corps électoral des sénatoriales, les grandes villes, les Régions et les départements ne pèsent pas lourd. Ainsi, elles ont beau être très majoritairement à gauche, le Sénat reste à droite. Et la réforme des collectivités, promise pour 2014, ne corrige pas ce déséquilibre.

Deuxièmement, n'en déplaise à ceux qui trouvent qu'il nous coûte trop cher, nous avons besoin du Sénat. Déconnecté du rythme présidentiel et élu au suffrage indirect, il subit moins les secousses électorales. Il peut ainsi travailler davantage dans la durée et dans la sérénité, avec des approches politiques qui ne recouvrent pas vraiment les clivages partisans et qui peuvent parfois contrarier l'Élysée.

Il faut savoir gré à la Haute Assemblée d'avoir évité aux députés de commettre un certain nombre d'erreurs. Sans elle, le discours sécuritaire de Grenoble aurait été intégralement appliqué. La déchéance de nationalité se serait appliquée à une certaine catégorie de Français. La loi hospitalière, la justice des mineurs ou la réforme des retraites auraient été plus dures...

Troisièmement, les sénateurs sont les mieux placés pour alerter sur l'accroissement des inégalités territoriales. On a besoin d'eux, par exemple, pour combattre la fracture numérique ou pour veiller à ce que les économies budgétaires ne dévitalisent pas nos Régions. La droite sénatoriale est d'ailleurs confrontée à une contradiction inconfortable entre son soutien logique à la politique de rigueur (moins d'écoles, de tribunaux, de casernes, moins d'aides européennes, moins de péréquation entre régions riches et régions pauvres) et la défense de la vitalité de ces territoires, spécialement ceux qui sont éloignés des grands pôles urbains.

Quatrièmement, et surtout, cette élection va être regardée de très près car c'est la première fois, depuis le début de la Ve République, que le Sénat peut passer à gauche. L'UMP, sans les centristes, n'y dispose déjà plus de la majorité absolue. Il ne manque que 22 sièges (sur 348) à la gauche pour l'emporter. Arithmétiquement, la droite peut encore se tirer d'affaire, mais à une poignée de sièges près. Suspense.

Une victoire de la gauche serait évidemment un coup de tonnerre dans la campagne pour la présidentielle. Faute de majorité pour réformer la Constitution, elle mettrait fin au débat sur la limitation des déficits (la fameuse « règle d'or »). Et à sept mois de l'échéance, elle donnerait un élan précieux au candidat socialiste qui sera choisi quinze jours plus tard.

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