samedi 24 septembre 2011
Faire naître la Palestine
« Je suis l'enfant des mots simples et le martyr de la cartographie », répondait le poète palestinien Mahmoud Darwich à qui l'on demandait d'où il venait, lui qui, né en 1942, avait connu l'exil dès son plus jeune âge lors de la première guerre israélo-arabe de 1948. Soixante-trois ans ont passé. Le poète n'est plus, mais la Palestine n'existe pas encore.
Les mots simples, ce sont ceux qui rendent aujourd'hui si évidente la demande des dirigeants palestiniens de voir la naissance de leur État internationalement reconnue. Simple comme la légitime revendication d'un peuple à disposer de lui-même. Simple comme la conséquence logique du « printemps » des peuples arabes. Simple comme la réalisation d'une promesse faite par les puissances internationales, justement aux Nations unies, de donner aux peuples juif et palestinien un État à chacun.
En 1948, les Arabes refusèrent ce plan, estimant le peuple palestinien spolié. Aujourd'hui, les rôles sont un peu inversés. Les dirigeants palestiniens, en demandant un État sur les frontières de 1967 (moyennant échanges de territoires), reconnaissent la légitimité d'Israël dans les frontières d'alors. Certes, pas le Hamas, mais l'Autorité dirigée par Mahmoud Abbas, oui. Et dans le même temps, Israël oppose un grand refus, estimant, non sans raison, qu'une reconnaissance qui ne passerait pas par la négociation bilatérale serait surtout une menace.
Comme toujours, au Proche-Orient, tout est essentiel mais rien n'est simple. Comment donner tort à Mahmoud Abbas, qui estime que les ressources du bilatéral sont taries et que le gouvernement Netanyahou a tout fait pour enterrer le dialogue ? Que la politique de colonisation est injustifiable et, en soi, belliqueuse ? Il faut être passablement irréaliste pour penser qu'un dialogue constructif est possible avec Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie (de l'isolement obstiné) d'Israël.
Comment donner tort à tous ceux qui, dans la société israélienne, ne croient pas un seul instant au désir de paix d'un Hamas financé par Téhéran ? Mais considèrent, en revanche, qu'une reconnaissance de l'État palestinien sans un accord de paix préalable ferait de Gaza une base militaire ennemie aux portes de Tel Aviv.
On pourrait multiplier à l'infini ce type d'arguments, tant l'art du veto croisé atteint des sommets depuis soixante ans. Essentiellement parce qu'il est animé par un sentiment de peur, seul bien partagé par les deux peuples. Mais on aurait tort de renvoyer dos à dos deux cris de légitimité ou deux dénis de reconnaissance. Le baroud d'honneur de Mahmoud Abbas est peut-être risqué, il a le mérite de mener l'assemblée onusienne à remettre le nez sur une injustice.
Les paramètres d'un accord de paix sont connus dans les moindres détails. À Washington, Londres ou Paris, les dirigeants connaissent mieux les recoins de la future frontière israélo-palestinienne que les frontières de leur propre pays. Tout le monde sait que les deux protagonistes ne trouveront pas seuls la solution. Le plan français a le mérite de gagner du temps pour éviter le clash, mais le temps n'est pas un facteur neutre. Il a trop souvent servi une stratégie bien précise, celle des colons. Si les Palestiniens ont raté de multiples occasions, depuis un an c'est côté israélien que l'on s'accroche au statu quo. Mais en misant tout, avec succès, sur la faiblesse d'Obama, c'est au Hamas que Netanyahou rend service, pas à la paix.
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