TOUT EST DIT

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dimanche 21 août 2011

Sortir de la crise ? En allant plus loin dans le fédéralisme qui nous y jette !

« Il n’y a aucune perspective de croissance économique négative. La croissance peut être plus faible qu’attendu, plus faible qu’anticipé. Mais nous ne prévoyons pas de croissance économique négative, de récession. » Tel était, jeudi, l’avis clair et, semble-t-il, définitif, du président de l’Union européenne. Herman Van Rompuy a par ailleurs répondu à Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, sur la présidence de la zone euro, qu’il faisait « déjà ce boulot ».
« C’est le sommet de la zone euro d’octobre qui décidera de la nouvelle architecture institutionnelle de gouvernance économique de la zone euro, a-t-il précisé. Je ne peux donc pas accepter quelque chose qui n’a pas encore été officiellement offert, même si je fais déjà ce boulot. »
En clair, cela signifie que la pression fédéraliste est toujours plus forte ; et que nous n’aurons guère à attendre pour savoir à quelle sauce nous serons mangés : octobre !
Herman Van Rompuy est loin, on le sait, d’être seul sur cette ligne. Le Portugal a soutenu jeudi cette perspective en maintenant « une position favorable à une plus grande intégration économique dans l’espace européen », comme le souligne une note du cabinet du ministre des Affaires étrangères Paulo Portas ; qui ajoute, si besoin était de préciser : « Le renforcement de la gouvernance économique est cohérent avec l’union monétaire dans laquelle nous vivons, pour davantage de stabilité et de cohésion. »
Certes, la stabilité est nécessaire à l’heure où, malgré les propos lénifiants d’Herman Van Rompuy, les places financières n’en finissent plus de rechuter. Et que les banques ne savent plus à quel saint se vouer – sans doute n’ont-elles pas essayé saint Matthieu… Ainsi, observe l’économiste en chef de la Banque centrale européenne, Jürgen Stark, « des banques de certaines régions de la zone euro préfèrent déposer leurs liquidités auprès de la BCE plutôt que de le prêter à d’autres banques », de peur que celles-ci ne s’écroulent. Il est vrai que, en Europe, par exemple, les craintes sur la crise des dettes souveraines affectent tout particulièrement le secteur bancaire. Mais, de ce fait, elles finissent par gripper l’approvisionnement en liquidités. La Fed, également, s’en inquiète. Quant à la BCE, elle a indiqué avoir accordé un prêt de 500 millions de dollars pour sept jours, destiné à une seule banque, dont l’identité n’a pas été précisée…
Jürgen Stark, comme le président de l’Union européenne, prône dès lors comme solution un fédéralisme total : « Nous aurions besoin d’une Constitution européenne avec des transferts de souveraineté de tous les pays. »
Il est tout de même symptomatique, alors que les marchés asiatiques, américains (du nord et du sud), européens, mondiaux en définitive, multiplient les journées noires, que les politiques continuent de jouer la méthode Coué contre la réalité.
Les acteurs, pourtant, n’en finissent plus de tirer la sonnette d’alarme. « Il semble qu’on se prépare pour une fin de semaine très moche, avec un marché dominé une fois de plus par la peur et la panique », soulignait jeudi Ben Potter, d’IG Market. Il est vrai qu’à ne regarder que chez nous les replis de la journée sont impressionnants : 4,49 % à Londres, 4,70 % à Madrid, 5,48 % à Paris, 5,82 % à Francfort, 6,15 % à Milan, etc.
La banque Morgan Stanley, elle, n’y va donc pas par quatre chemins. Elle considère désormais l’Europe (et les Etats-Unis) comme « dangereusement proches de la récession ». Et, par conséquent, elle revoit à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2011 (+ 3,9 % contre + 4,2 %) et 2012 (+ 3,8 % contre + 4,5 %). Des prévisions, qui, on peut le comprendre, ne sont pas faites pour rassurer les investisseurs…
« Je ne pense pas que le danger d’une autre récession nous guette », a chanté, sur le même air qu’Herman Van Rompuy, pour les rassurer le président Barack Obama.
En attendant, les gouvernements n’en cherchent pas moins les moyens de sauver un tant soit peu la croissance. Paris devrait annoncer mercredi, à l’occasion du conseil des ministres de rentrée, ses pistes pour réduire les déficits publics. La situation est en effet d’autant plus délicate que l’austérité qui se profile chaque jour davantage ne peut être compensée, comme autrefois, par une dévaluation de la monnaie. Car, n’est-ce pas ? il n’y a plus de monnaie. Ou, plus exactement, nous n’exerçons plus de souveraineté sur la monnaie que nous utilisons, et qui ne nous appartient plus…
Notre dépendance se manifeste dans bien d’autres domaines. Dans une réunion consacrée à la crise, le président colombien Juan Manuel Santos et son homologue argentin Cristina Kirchner ont souligné que les turbulences financières et économiques en Europe et aux Etats-Unis « peuvent constituer une magnifique opportunité pour la région ». En effet, précisait Cristina Kirchner, « nous avons l’avantage, car nous possédons ce que n’ont pas les pays en crise : l’eau, l’énergie et les ressources naturelles. »
Il y a pourtant – ou plutôt : parfois – des éclairs de lucidité. Jeudi, le ministre suédois des Finances Anders Borg a souligné la gravité de la situation : « Il faut espérer que cela n’ira pas aussi mal que pendant l’automne 2008, mais le risque que cela soit plus grave que je ne le croyais, ce risque a grandi aujourd’hui. »
Pourtant, la lucidité du constat n’est pas toujours suffisante. Après Georges Soros, Jacques Delors a tiré jeudi la sonnette d’alarme : « Ouvrons les yeux : l’euro et l’Europe sont au bord du gouffre. »
Il n’en tire pas moins la même conclusion que les autres. « (…) pour ne pas tomber le choix me paraît simple : soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée que j’ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l’Union. »
Autrement dit, accélérons sur le chemin qui nous a conduits jusqu’ici…
Quousque tandem ?

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