TOUT EST DIT

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jeudi 18 août 2011

Le règne des mini-lolitas à son apogée ?

La sexualisation précoce des adolescentes n'est plus une simple lubie des magazines de mode: ce phénomène s'est étendu aux fillettes prépubères, parfois dans une indifférence déconcertante.

La séance photo polémique de Miley Cyrus (15 ans) topless par Annie Leibovitz pour Vanity Fair en 2008? Dépassée! La publicité d'une innocente Brooke Shields (15 ans) sifflotant les jambes écartées pour la marque de jeans Calvin Klein dans les années 1980? Carrément ringarde! Maintenant les "ado-stars" sont limite trop vieilles pour percer dans le show-business: c'est le règne des "baby-stars", des lolitas toujours plus précoces.  
Et c'est déjà une véritable institution aux Etats-Unis. Rappelez-vous le récent tollé provoqué par la vidéo du concours Darling Divas. On y voit la minuscule Mia (2 ans) engoncée dans un body au soutien-gorge conique poussée par sa mère à secouer les hanches sur Like a prayer de Madonna. Dans un autre style, un groupe de fillettes âgées de 8 ans, inscrites à la compétition de danse The World of Dance, qui se trémoussent sur le tube Single Ladies en tenues de scène plus dénudées que celle de la chanteuse Beyoncé Knowles dans son clip.

Un couple de parents a réagi dans l'émission Good Morning America sur ABC, justifiant les costumes, pensés "pour faciliter leurs mouvements de danse très techniques".  
Autre exemple récent, la jeune Anglaise Soya Keaveney, aujourd'hui enceinte à 15 ans, posait dès 12 ans en bikini, avec ongles manucurés et piercing au nombril, sur les photos de vacances en Egypte, aussitôt mises en ligne par sa maman Janys dès leur retour. "Certaines personnes pourraient penser que ces clichés sont trop sexy. Mais ils vont juste nous aider à faire parler de son profil de mannequin. Ma fille ne montre rien qu'elle ne dévoilerait pas sur une plage", confiait sans gêne aucune la mère au Daily Mail
Hollywood ouvre grand la voie aux espoirs des toutes jeunes filles: à seulement 12 ans, Elle Fanning foule les tapis rouges moulée dans les robes de créateurs comme Valentino, Marchesa ou Rodarte. La soeurette de Dakota Fanning pose même dans la campagne Marc Jacobs automne-hiver 2011. Sa copine Hailee Steinfled (14 ans), révélée par son rôle dans True Grit, a été choisie par Miu Miu pour incarner la collection automne-hiver 2011. La bimbo Kim Kardashian était la première à poster les photos en maillot deux-pièces de sa petite soeur Kendal Jenner (14 ans) sur Internet avec un enthousiaste message ("C'est magnifique! Je suis tellement fière! Elle va chambouler le monde du mannequinat!").  
Objet de fantasme 
Sous couvert d'agir pour le bonheur de leur progéniture, "certaines mères instrumentalisent leur fillette innocente sur lesquelles elles projettent leurs rêves sexuels et leurs espoirs déçus de célébrité, ou tout simplement de jeunesse", rappelle la psychanalyste Christiane Olivier. "Une histoire qui n'est pas sans rappeler My Little Princess", observe la pédiatre Edwige Antier: dans son récent film, Eva Ionesco raconte la relation fusionnelle qu'elle a partagé avec sa mère, qui la photographiait dans les années 1970, prenant des poses érotiques à la frontière de la pornographie infantile.  
Ces mères ne souhaitent pas remettre en cause l'exposition médiatique de leur fille, devenue le possible objet de fantasmes. Véronika Loubry, mère d'une petite Thylane, mannequin âgée de 10 ans, réagit face à la polémique: "Le seul élément qui me choque sur cette photo, c'est le collier qu'elle porte, qui vaut 3 millions d'euros!", s'exclame la présentatrice de télévision sur le blog de Jean-Marc Morandini.  
La mise en scène provocante de son enfant dans le supplément Cadeaux de l'édition française de Vogue -pourtant publié en décembre dernier- vient tout juste de défrayer la chronique dans les médias américains -comme les chaînes ABC (voir la vidéo) et Fox News, qui ont consacré un reportage sur le sujet. 
"Les photos sexualisées d'enfants prépubères sont des images pousse au crime. Ce n'est pas seulement un viol de l'imaginaire enfantin, mais un message pervers envoyé à la société", se révolte Edwige Antier. "La publication de photos exposées aux regards de tous permet à des inconnus de projeter des fantasmes malsains sur des clichés dont les enfants ne peuvent pas avoir conscience lors des séances. Et sur le plan de l'intérêt supérieur de l'enfant, elles véhiculent l'idée que les petites filles ont déjà une sexualité de type adulte. Ce qui est une grave erreur", analyse-t-elle. De son côté, Christiane Olivier constate que "les parents n'ont plus conscience de leur responsabilité. Ils jouent la carte de l'indifférence vis-à-vis de la sexualité de leurs enfants. Quand ils ne projettent pas leurs rêves sexuels sur eux. Or, il faut expliquer à une petite fille que c'est une affaire très privée de se maquiller, de se déguiser en femme et d'adopter une attitude de séductrice qui n'est pas de son âge".  
Il n'empêche, la sexualisation précoce s'impose comme un véritable argument marketing auprès de marques, qui s'adressent aux enfants comme à des adultes. La ligne de sous-vêtements Jours Après Lunes, lancée en janvier 2011, propose des soutien-gorge à partir de quatre ans. Une collection dont les modèles à rayures rappellent le bikini rembourré vendu "dès 7 ans" par Abercrombie & Fitch. Pour compléter leur panoplie de mini-femmes, les fillettes peuvent désormais se faire bichonner les ongles sur les fauteuils du Mini Kids Spa... ou même allaiter leur poupée Breast Milk Baby à l'aide d'un débardeur avec tétons intégrés. Edifiant.
Terrifiant diront certains.  

Et du côté du droit?

Les photos d'enfants en postures sexuellement suggestives sont contraires à la protection de l'enfance et à la Convention Internationale des droits de l'enfant, dans ses articles 32 et 36, traité international signé par la France, rappelle la pédiatre Christiane Olivier: "Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social."  

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