TOUT EST DIT

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mercredi 24 août 2011

Le « non-lieu » de DSK ne libère pas pour autant le PS

Le juge a donc officiellement confirmé la recommandation faite lundi par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance (voir l’article de Caroline Parmentier : « Une victoire à la Cyrus » dans ce blog), d’abandonner les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn. Le volet pénal du dossier a été refermé mardi après-midi. Non-lieu donc en faveur de l’ancien directeur du FMI. « Les preuves physiques, scientifiques et d’autres natures montrent que l’accusé a eu un rapport sexuel précipité avec la plaignante, mais n’établissent pas de manière indépendante son affirmation d’un rapport sous la contrainte et non consenti », constatait le texte en provenance du bureau du procureur. L’enquête a toutefois permis de préciser que la femme de ménage avait utilisé sa clef magnétique pour ouvrir la chambre de Dominique Strauss-Kahn à 12 h 06. Et ce dernier, à 12 h 13, téléphonait à sa fille Camille. Ce qui s’est passé entre Mme Diallo et lui s’est donc déroulé en 7 minutes. Douche non comprise puisque celle-ci, du moins pour le mari d’Anne Sinclair, avait eu lieu avant. Un peu court pour un rapport « consenti ». Ce rapport, médicalement établi, a donc eu lieu dans la plus grande précipitation. DSK, l’homme pressé… Et sans doute pressant !

Mais les multiples mensonges de la plaignante, qualifiée par le procureur de « menteuse compulsive », ses parjures devant la justice ont discrédité son témoignage, tout autant que ses relations douteuses. Dans une confrontation parole contre parole, celle, éraillée, de Nafissatou Diallo ne pouvait plus prétendre tenir le choc contre celle de l’ex-directeur du FMI. Pour autant, comme le résume parfaitement l’éditorial du Monde daté de mercredi, « faute de pouvoir établir avec certitude devant un jury la crédibilité du témoignage de la victime présumée, sur lequel repose exclusivement l’accusation sexuelle, le procureur de l’Etat de New York ne blanchit pas totalement M. Strauss-Kahn : il reconnaît simplement que les incohérences apparues au cours de l’enquête, dans la version de la jeune femme, ne lui permettraient pas de convaincre douze jurés de la bonne foi de celle-ci, au-delà du doute raisonnable ». Acquitté mais pas vraiment innocenté, Dominique Strauss-Kahn se retrouve dans une sorte de zone grise. Très loin en tout cas du blanc-bleu…

Les tabloïds américains traduisent ce décalage entre innocence et non-lieu à leur manière, triviale. « DSK n’est peut-être pas coupable d’agression sexuelle, mais il est coupable d’être un saligaud. (…) Il se croit aussi irrésistible pour les femmes de chambre qu’il l’est pour sa riche femme. » Or toutes les femmes de chambre n’ont pas les mêmes goûts qu’Anne Sinclair…

Après la décision du juge, Dominique Strauss-Kahn a prononcé une brève allocution, évoquant « la fin d’un d’une épreuve terrible et injuste » et affirmant : « j’ai hâte de rentrer dans mon pays ». Seules les secousses d’un tremblement de terre l’ont empêché, en fin de journée, de récupérer son passeport.

Le PSK (Parti de Strauss-Kahn)

Les dirigeants socialistes, dans leur ensemble, et bien sûr tout spécialement les strauss-kahniens, se réjouissent de cette issue. « C’est du bonheur », s’est exclamé Martine Aubry. « On attendait tous qu’il puisse enfin sortir de ce cauchemar ». Pas si vite. D’abord le « cauchemar » judiciaire n’est pas tout à fait terminé pour DSK puisqu’en France deux plaintes l’attendent. Celle de Tristane Banon qui affirme avoir été violentée par lui en 2003, comparant son agresseur à un « chimpanzé en rut ». Plainte pour laquelle une enquête préliminaire est actuellement en cours à Paris. Et puis il y a maintenant la plainte déposée mardi par l’avocat de Nafissatou Diallo pour « tentative de subordination de témoin », contre un adjoint au maire de Sarcelles, que Kenneth Thompson accuse d’avoir fait pression sur une femme, pour la dissuader de témoigner contre DSK.

L’effet suspicion

Disons-le : ces deux plaintes paraissent un peu, sur le plan juridique, des pétards mouillés. Mais elles vont renforcer dans l’immédiat le « cauchemar médiatique » qui pour DSK risque de se prolonger. Et ajouter quelques graffitis obscènes sur son étiquette de « saligaud » que la presse américaine lui a si obligeamment accrochée dans le dos…

Ce cauchemar médiatique dans lequel DSK s’est lui-même enfermé risque de devenir pour le PS, au-delà du « bonheur » bien factice de Martine Aubry, une sorte de mauvais rêve, pénible à supporter. Même si l’ancien directeur du FMI se trouve aujourd’hui « innocenté » par « défaut de témoin » (selon l’expression du procureur), cette affaire a mis en lumière, sur celui dont le PS s’apprêtait à faire son candidat pour l’Elysée, plusieurs zones gênantes de sa personnalité. Ses relations « compulsives » avec les femmes, bien sûr, mais aussi son insolente richesse. Cette seconde caractéristique n’est certes pas répréhensible. Mais elle contraste de façon violente avec la majorité de ce « peuple de gauche » dont le PS prétend incarner les aspirations. N’oublions pas non plus que la mère de Tristane Banon, elle-même ex-maîtresse de DSK, est aussi une élue socialiste, fricotant avec tout le gratin de la rue Solférino. Le linge sale de la famille socialiste, que ce soit à New York ou à Paris, se trouve ainsi étalé aux fenêtres.

Pour les candidats de ce parti l’affaire DSK et ses suites peuvent donc agir comme un poison lent. Après s’être infiltré dans les esprits de façon subliminale, il peut se déclarer à retardement, après plusieurs mois d’incubation. Par exemple les électrices de gauche peuvent réaliser au moment du vote que tels candidats à la rose (comme les ballets du même nom ?) appartiennent au même parti que DSK, ce multimillionnaire qui considère les femmes comme des objets destinés à satisfaire ses désirs. Le même réflexe de rejet peut se déclencher chez le père de famille songeant à ses filles. Et puis bien sûr chez tous ceux qui connaissent des fins de mois difficiles et qui se souviendront dans l’isoloir que Strauss-Kahn et son épouse évoluent à des années-lumière de leurs contingences financières. Des candidats du PSK (Parti de Strauss-Kahn) qui, lorsqu’ils prétendront lutter contre les excès de la finance, risquent désormais d’apparaître aussi peu crédibles qu’une vulgaire Nafissatou Diallo. Ou pour le moins déclencheront-ils chez leurs électeurs potentiels un « doute raisonnable ». On connaissait L’Effet Glapion, pièce de Jacques Audiberti sur la réalité des illusions. L’affaire DSK pourrait bien se transformer, pour le PS, en une sorte d’Effet suspicion.

Un effet contre lequel semble vouloir s’immuniser François Hollande lorsqu’il souligne qu’il était « candidat avant l’affaire DSK, pendant et après ». Martine Aubry ne peut pas en dire autant…

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