TOUT EST DIT

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lundi 22 août 2011

Dans le vif du sujet
 
François Fillon, à quelques jours d'un durcissement budgétaire et fiscal, vient de sonner le tocsin de la rentrée. Il aura suffi, pour cela, d'un appel à l'union nationale pour graver le retour à l'équilibre des comptes dans la Constitution.


Le message du Premier ministre est clair : il n'y a pas d'autre politique que la baisse de la dépense publique. Et tous ceux qui refuseraient la fameuse « règle d'or » - elle consiste notamment à s'interdire toute dépense qui ne serait pas financée - ne seraient que des irresponsables.


En répliquant qu'un exécutif incendiaire n'était pas le mieux placé pour prendre la tête des pompiers, l'opposition rejette le piège dans lequel il tente de l'enfermer. Avant l'université d'été de La Rochelle, le week-end prochain, les candidats à la primaire socialiste vont coordonner leurs réponses à cette donne compliquée. Samedi, à Clermont-Ferrand, pour son entrée en campagne, Eva Joly s'est évertuée à démontrer que l'absence de choix serait une idée dangereuse, car elle conduirait au repli sur soi.


Le ton est donné. À cinq semaines de sénatoriales favorables à la gauche, et à huit mois de la présidentielle, nous voici dans le vif du sujet. La grande question sera de savoir comment les retombées de la crise financière - peur pour son emploi, son épargne, son pouvoir d'achat - pèseront sur les comportements électoraux.


La partie n'est simple pour personne. La crise peut profiter à la majorité sortante, en poussant une partie de l'électorat à s'accrocher à ce qu'il connaît - on ne part pas à l'aventure sous l'ouragan - et à saluer dans les urnes l'énergie présidentielle.


Mais les tentatives de « rassurer les marchés » peuvent, a contrario, apparaître comme l'aveu d'une impuissance politique à civiliser la finance et une incapacité à offrir de l'espoir à un peuple à qui on demande surtout de se serrer la ceinture. Les Français sentent bien, comme l'écrit le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, qu'en fait de solution à la crise, on a surtout déplacé les transats sur le pont du Titanic.


La difficulté vaut autant pour la gauche socialiste dont tous les candidats, à commencer par François Hollande, ont intégré, à défaut de « règle d'or », la nécessité de réduire la dette. Difficile pour eux de peindre l'avenir en rose avec de l'argent public que l'on n'a pas. Difficile aussi, malgré l'engagement que la moitié des recettes nouvelles iraient au désendettement, de se défaire définitivement d'une vieille réputation dépensière que Dominique Strauss-Kahn aurait été le mieux à même d'enterrer.


En réalité, tout va se jouer sur l'ampleur et la répartition des efforts. La droite ne pourra pas aller très loin dans la taxation des hauts revenus, financiers ou non, sans contrarier une partie de son électorat. La gauche est mieux placée pour le faire, à condition de ne pas décourager l'investissement. Les écologistes et les centristes vont profiter de cette confusion pour faire la pédagogie d'une autre croissance, plus juste et plus solidaire.


Parce que rien n'est écrit d'avance et parce que la crise oblige à plus d'imagination, il se pourrait que cette présidentielle soit passionnante. Ce serait l'honneur de la démocratie et le meilleur rempart contre l'abstention et contre les extrémismes simplistes que ce débat central puisse se développer.

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