TOUT EST DIT

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dimanche 3 juillet 2011

Un objectif stratégique pour les peuples d'Europe, battre la spéculation contre l'euro !

Voici enfin un objectif stratégique pour le peuple européen, ce peuple présenté comme divisé, malmené par les médias internationaux, faiblement représenté sur la scène mondiale, ce peuple qui doute de son avenir économique ; voici donc qu'on peut lui proposer un objectif stratégique : battre la spéculation internationale qui cherche à détruire sa monnaie.

La création de l'euro a été une grande avancée pour l'Europe et un succès sur le plan international. Un des plus grands marchés de consommation dans le monde n'aurait pas pu fonctionner avec une quinzaine de monnaies flottant entre elles. La crise actuelle, provoquant une cascade de dévaluations compétitives, aurait disloqué le système et infligé des secousses graves aux entreprises. Les Européens auraient découvert l'angoisse de vivre dans un champ de ruines monétaires.

Sur le plan technique, cette création de l'euro a été un succès. En une décennie, l'euro est passé devant le yen, la livre sterling et le franc suisse, pour devenir la deuxième monnaie d'usage mondial, après le dollar. Mais, dès sa naissance, l'euro a fait l'objet de critiques de la part d'une grande partie du système financier anglo-saxon, notamment celui qui est concentré à New York. L'argumentation était simple : vous ne réussirez pas à créer l'euro et, si vous le faites, par la suite, vous échouerez ! Ce raisonnement a été tenu par Alan Greenspan, quelques années avant que la calamiteuse gestion monétaire ait assuré la déconfiture d'une bonne partie du système bancaire américain.

Aujourd'hui, il ne s'agit plus de critiques, mais d'attaques délibérées contre l'euro. Celles-ci ne proviennent pas des gouvernements, mais des opérateurs spéculatifs. Ces derniers, qui disposent encore d'une masse abondante de liquidités, à New York comme à Londres, évaluée à plus de 4 trillions d'euros, ne cherchent pas à les investir de façon durable dans des entreprises, à la manière des fonds souverains chinois et arabes, mais à réaliser des profits à court terme, en pianotant sur les ordinateurs des marchés.

Ils ont choisi pour cible spéculative la dislocation de l'euro. Il est vrai que certains petits pays de la zone euro ont conduit des gestions budgétaires irresponsables, aggravées par la crise. Mais l'objet de la spéculation n'est pas seulement de tirer profit de ces fautes de gestion : c'est, au-delà, de s'attaquer au système monétaire lui-même.

On peut en voir la preuve dans deux indices. Le premier, c'est que la spéculation semble suivre une piste, comme un fauve reniflant le sang, passant successivement d'un pays de la zone euro au suivant : Grèce, Irlande, Portugal, tout en louchant du côté de l'Espagne. Le second indice est que la spéculation ne s'intéresse pas à la Grande-Bretagne, ce dont je me réjouis, bien que son déficit budgétaire soit supérieur (10,5% du PIB) à la moyenne des déficits de la zone euro, pour la seule raison que ce pays n'appartient pas à cette zone.

Ainsi, la spéculation new-yorkaise attaque la monnaie européenne. La réponse doit être sans pitié : les Européens doivent défendre leur monnaie et battre la spéculation.

Les dirigeants de l'euro-Europe, en particulier Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à Fribourg, ainsi que le gouverneur de la Banque d'Italie, Mario Braghi, ont fait à ce sujet d'excellentes déclarations.

La stratégie victorieuse comporte deux aspects. Le premier est psychologique : il consiste à affirmer que l'euro n'est pas en danger. Une monnaie flottante qui s'appuie notamment sur les économies allemande, française, néerlandaise et italienne et dont le cours reste toujours supérieur à son cours d'introduction (1 E = 1,17 $) ne peut pas être détruite par le marché. Il n'existe aucun précédent.

Le second est technique : il s'agit de contrer la spéculation sur son terrain. Pour cela, ses mouvements doivent être suivis minutieusement au jour le jour. Pour réaliser les " sauvetages ", un important dispositif, et qui semble suffisant, a été mis en place.

C'est à la Banque centrale européenne qu'il revient de surveiller les activités du secteur bancaire.

Il subsiste un maillon manquant : celui de la dette émise par les Trésors publics nationaux.

Aussi paraît-il souhaitable de créer une " cellule antispéculation " regroupant les meilleurs spécialistes des Trésors français, allemand et italien, notamment pour suivre au jour le jour les mouvements spéculatifs sur les bons et sur les titres de la dette, et imaginer les mesures propres à les contrarier.

La crise a rendu évidente la nécessité d'une plus grande cohérence entre les politiques économiques. N'utilisons pas l'expression malheureuse de " gouvernance économique ", car une grande partie de cette " gouvernance " restera nationale. Utilisons plutôt l'expression " coordination exigeante ".

La bataille est engagée. La spéculation, encouragée par la presse financière internationale, paraît sûre de son arrogance. Faisons-lui mordre la poussière. Et que vive l'euro !

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