TOUT EST DIT

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lundi 16 mai 2011

La fin d’une illusion

C’est un cauchemar pour l’homme, et pour sa victime présumée, mais ce n’est pas le cataclysme annoncé sur 2012. Tout juste la fin d’une illusion. Celle qui faisait d’un simple favori des sondages un futur président virtuel. D’une façon ou d’une autre, le directeur général du FMI était quasiment condamné à trébucher dans les chausse-trappes d’une campagne qui s’annonce violente. Le petit épisode de la Porsche lui avait donné une idée de ce qui l’attendait. Il avait montré, aussi, que DSK n’était pas vraiment préparé à résister au passage dans la terrible machine à laver, la terrible machine à broyer, de la présidentielle. En une semaine, les failles de sa communication, révélatrices de la fragilité de son profil, étaient apparues. S’il culminait encore dans les intentions de vote, le candidat providentiel était déjà très vulnérable, chacun le voyait bien, avant même qu’il ne se déclare... Touché-coulé. Le coup de théâtre de Times Square a seulement précipité un naufrage qui aurait pu survenir à n’importe quel moment.

Si on en croit son accusatrice -dont les allégations restent à prouver- DSK se serait pris les pieds dans le tapis (de bain) d’une tentation de trop qui l’aurait fait glisser dans le sordide. Une démonstration à l’américaine du principe selon lequel un candidat à la présidentielle ne connaît pas pire ennemi que lui-même... Car les couplets hypocrites du droit à la présomption d’innocence n’y changeront rien: quelle que soit la suite de la procédure judiciaire à Manhattan, il faudrait un miracle pour que Dominique Strauss-Kahn se relève d’une telle histoire. Il est sans doute politiquement fini et, hier soir, les acteurs de la scène politique française peinaient encore à admettre cette réalité qui va maintenant s’imposer à tous.

Son élimination n’est ni une mauvaise affaire pour le PS, ni une bonne pour Nicolas Sarkozy. Certes, les socialistes perdent leur meilleure chance de gagner -sur le papier des sondeurs- mais le président sortant perd lui aussi un concurrent qui, par son parcours, aurait constitué une cible facile... Et voilà qu’elle se désagrège trop tôt, comme l’ont d’ailleurs déploré publiquement des conseillers de l’Élysée. Jusque-là fasciné, au-delà du raisonnable, par la promesse, artificielle et prématurée, d’une victoire facile de son champion d’Amérique, le PS, lui, va bien devoir redescendre sur terre et s’impliquer dans de vraies primaires. Un réveil brutal, sûrement désagréable, mais salutaire. Le Strauss-Kahn charmeur et surdoué, irrésistible en petit comité, n’est guère à l’aise dans le cambouis d’une campagne électorale. La marche vers 2012 avait de fortes probabilités de tourner au chemin de croix et il n’y a sans doute rien à regretter de voir DSK s’effacer d’un paysage qui n’a pas fini de se transformer. Cet homme brillant était assurément dangereux pour son camp.

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