TOUT EST DIT

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samedi 2 avril 2011

Une gendarmerie aux abonnées absentes...

Il n’est pas si facile de tourner la page de la Françafrique. L’épilogue de la crise ivoirienne montre à quel point la place de la France est désormais ambiguë dans les états du continent qui furent ses colonies. On peut se demander ce matin ce qu’il reste des liens particuliers que le Général de Gaulle avait établis, après l’indépendance de la Côte d’Ivoire avec celui qui avait été son ministre, le président Houphouët-Boigny, et s’interroger sur l’évolution, incertaine, des relations entre les deux pays.

La prise effective du pouvoir par Alassane Ouattara, dont l’élection a été ardemment soutenue dès le départ par Paris, est plutôt une bonne nouvelle pour le gouvernement français. C’est avec plaisir qu’il verra disparaître de son horizon diplomatique un Laurent Gbagbo qui entretenait avec lui des relations conflictuelles depuis dix ans, mêlant la méfiance aux soupçons de recolonisation rampante, quand elles ne dérivaient pas franchement vers des épisodes de provocations violentes.

La France n’en donne pas moins le sentiment d’avoir attendu le dernier moment, et l’offensive foudroyante des forces pro-Ouattara, pour définir dans l’urgence un positionnement et une stratégie. Très engagé sur le terrain libyen après avoir été étonnamment passif durant les premiers épisodes du printemps arabe, Nicolas Sarkozy a semblé délaisser également un conflit ivoirien embourbé et ingrat qui aurait dû, toutefois, le mobiliser davantage. En investissant sans relâche, et courageusement, son énergie sur le terrain libyen, il a pu donner l’impression de préférer Benghazi à Abidjan... Au point de susciter cette question: à l’inverse de ses prédécesseurs à l’Élysée, l’Afrique noire l’intéresse-t-il ?

On ne peut reprocher à l’Élysée de se placer dans la continuité des accords de Marcoussis (2003) qui ont, de fait, volontairement limité le pouvoir d’intervention des soldats français en le plaçant dans le cadre, multinational, de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). De même, la réduction de la Force Licorne, présente à Abidjan, passée de 5 000 à 900 hommes en sept ans, s’est inscrite dans une révision des accords bilatéraux qui voulait changer la nature, paternaliste, qu’avait fait prévaloir l’ancienne puissance coloniale depuis 1961. Il n’empêche: ces deux évolutions majeures, dont les intentions étaient louables, ont cantonné aujourd’hui la France dans un rôle si secondaire qu’il surprend nos quelques 12 500 ressortissants inquiets devant les inévitables dérapages d’une situation explosive qui peut à tout moment dégénérer. Les soldats tricolores seront-ils en mesure d’assurer seulement leur sécurité après que l’armée française ait renoncé depuis longtemps à servir de gendarme de cette partie du continent où elle avait encore une part de son histoire ?

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