TOUT EST DIT

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mercredi 13 avril 2011

Pour saluer Jean-Louis Trintignant

La nouvelle était tombée comme une petite bombe d’indécence : l’annonce que Bertrand Cantat, la brutasse qui a tué Marie Trintignant, allait se produire au Festival d’Avignon, puis en 2012 à Montréal (1). Dans une pièce fagotée par le metteur en scène libano-québécois (sic) Wajdi Mouawad, Des Femmes (une compilation de trois pièces de Sophocle).

L’apprenant, le père de la victime de Cantat, Jean-Louis Trintignant, qui est lui-même programmé à Avignon, pour le spectacle Trois poètes libertaires du XXe siècle, avait immédiatement réagi :

— Je ne peux pas accepter de dire des poèmes dans le cadre du Festival alors que Bertrand Cantat va s’y produire. Je ne comprends pas cet homme. Je ne comprends pas qu’il puisse se présenter sur une scène cet été à Avignon (…). C’est un homme que je déteste. Il s’est conduit comme une merde et il est l’homme que je déteste le plus au monde.

Une prise de position confirmée par un communiqué de son agent, Olivier Gluzman : « Refusant d’être programmé à une manifestation où se produit également l’homme qui a tué sa fille, le comédien Jean-Louis Trintignant (…) a décidé d’annuler la représentation. »

Même levée de bouclier du côté canadien. Présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat déclare que la présence de Cantat sur scène reviendrait à « banaliser la violence faite aux femmes. » Même refus de la part de Gérard Detell, leader de l’Action démocratique du Québec : « Cantat n’est pas le bienvenu au Québec. Sous aucun prétexte. » Et de la directrice du Théâtre du Nouveau Monde où Wajdi Mouawad doit se produire, Lorraine Pintal : « Il est assuré que Bertrand Cantat ne jouera pas sur les scènes du Québec et du reste du Canada. Il va de soi que, s’il y avait une demande de sa part pour fouler le sol du Canada, ce permis ne serait pas accordé. » En effet : interdit de séjour au Canada en raison de sa condamnation, Cantat devrait obtenir une dérogation pour passer la frontière.

Cette mobilisation a payé. Cantat annonce qu’il renonce à se produire sur scène à Avignon. Bertrand Cantat fait cale. Bertrand Cantat fécal. On ne saurait mieux résumer le dégoût que nous inspire – et, a fortiori, au père de sa victime – ce tabasseur qui, au lieu de se faire oublier, prétendait s’afficher sur scène. Et, de surcroît, dans une pièce intitulée Des Femmes.

Inutile de dire que les mangiacagas du show-biz et des médias s’étaient mobilisés pour défendre la petite frappe : « Il a déjà été jugé. On ne va pas lui interdire de vivre. » Ah bon ? Sauf que, en d’autres temps, Cantat aurait pu être condamné à mort (alors qu’il n’a fait qu’un temps de prison très symbolique) pour ce qu’il a fait. Que c’est lui, et personne d’autre, qui a interdit de vivre à Marie Trintignant. Cantat sur les planches et Marie Trintignant entre quatre planches ? Il y avait là une indécence heureusement corrigée.

(1) Et aussi au Théâtre des Amandiers (qu’on devrait rebaptiser « des Maronniers » pour le coup…) à Nanterre, en novembre prochain.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

La vengeance appelle la vengeance, et l'on en arrive tout doucement...aux situations en Côte d'Ivoire, aux Rwanda, en Palestine...ou ailleurs. La douleur est grande de perdre un enfant, si grande. La vengeance c'est la réponse violente à la mort violente. Ce n'est sans doute pas la meilleure solution. Les réponses sont sans doute en chacun de nous...