Sans résultat. Les catholiques, flairant le piège, se rallièrent autour de leur Souverain pontife, et quand on les contraignit à choisir entre leur foi et leur fidélité à l’Etat, penchèrent souvent en faveur de la première.
Ce sont des considérations de cet ordre que les gens devraient avoir à l’esprit en France, alors que leur propre Kulturkampf contre le port du voile intégral acquiert force de loi — et alors qu’un certain nombre de Françaises se sont dites, au contraire, plus décidées que jamais à porter la burqa, ou le niqab, en public maintenant qu’elles risquent d’être interpellées.
L’opinion publique britannique est passée à côté de l’importance que revêt ce débat en France, se contentant la plupart du temps de considérer que cette hostilité au voile n’est qu’un slogan des islamophobes de l’extrême droite. C’est un malentendu. La France connaît, bien mieux que la Grande-Bretagne, le sens terrible des guerres de religion.
Dans les années 1570, le sang des protestants massacrés avait littéralement ruisselé dans les rues de Paris, et le conflit qui s’en était suivi avait déchiré le pays pendant des générations. Cette conscience aiguë des souffrances infligées par la religion à la France est à la source du consensus gauche-droite sur la nécessité de défendre la laïcité dans la vie publique.
Il est malheureux que cette philosophie admirable sous bien des aspects se retrouve engluée dans les calculs douteux d’un président aux abois. Ce dernier espère être réélu en 2012 mais accuse une chute catastrophique dans les sondages, quelques-uns le plaçant en deuxième position derrière Marine Le Pen et l’extrême droite. Nicolas Sarkozy ne répugnerait peut-être même pas à quelques passes d’armes publiques avec des musulmans ultraconservateurs au sujet du voile, puisqu’il y verrait un moyen de récolter des voix.
Mais beaucoup de musulmans français désapprouvent ouvertement que leur communauté soit prise pour cible, et l’on court le risque que cette nouvelle interdiction soit contre-productive. Il est heureux qu’aucun des grands partis en Grande-Bretagne ne souhaite nous engager dans cette voie.
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