TOUT EST DIT

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mercredi 13 avril 2011

Des trublions dans la campagne

Quel jeu pratiquent Nicolas Hulot, l'écolo-social, et Jean-Louis Borloo, le social-écolo ? Personnages politiques atypiques, on a peine à les imaginer assez suicidaires pour se lancer dans une aventure sans lendemain, fût-ce au nom de vraies convictions.

En passant de témoin médiatique à acteur politique, le créateur d'Ushuaïa va vite découvrir qu'une cote d'amour ne se traduit pas mécaniquement en intentions de vote. Pour Nicolas Hulot, peu habitué à ce qu'on le critique et peu rompu à la dureté d'une campagne, les déboires pourraient commencer aujourd'hui, avec l'annonce de sa candidature.

À gauche, la concurrence qu'il représente au premier tour et ses amitiés de droite vont en indisposer plus d'un. À droite, son attelage avec Eva Joly lui vaudra quelques sarcasmes et des demandes d'explications de l'UMP qui considère avoir exaucé ses souhaits de 2007 à travers le Grenelle de l'environnement. Chez Europe-Écologie, il reste à démontrer que la greffe peut prendre entre un homme épris d'indépendance et une turbulente famille d'adoption, aux règles compliquées et à l'électorat volatile.

Bref, pour un bébé dauphin de la politique, l'océan de la présidentielle est immense. Pourtant, après avoir soldé ses contrats avec TF1 et organisé l'autonomie de sa fondation, Nicolas Hulot a franchi un point de non retour et forcément flairé toutes sortes d'abysses. S'il persiste à écrire le chapitre politique de sa vie, parions que son aura et sa quête d'efficacité le guideront vers un futur gouvernement écolo-compatible.

Le pari de Borloo

Pour Jean-Louis Borloo, l'aventure est plus incertaine encore. En fédérant les centres hors de l'UMP, il prend le risque de dévitaliser le parti présidentiel déjà concurrencé par Marine Le Pen et affaibli par la distance critique instaurée par Christine Boutin, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Dominique de Villepin, Hervé Morin, François Bayrou... La droite, qui ironise un peu facilement sur la primaire socialiste, semble tout faire pour transformer le premier tour de 2012 en finale éliminatoire.

Avec un Front national à un haut niveau, Jean-Louis Borloo, mais aussi Dominique de Villepin qui présente son programme demain, prendraient le triple risque de s'isoler - on comptera les députés UMP qui oseront les suivre avant les législatives - d'empêcher leur camp d'accéder au second tour et d'emmener droit dans le mur ceux que leur panache séduit.

Accélérateurs de défaite, bouées de sauvetage, mouches du coche ou simples guetteurs d'aubaines ? Jean-Louis Borloo et ses amis font le pari que Nicolas Sarkozy peut perdre et que le clivage idéologique entre une UMP droitisée et une large alliance républicaine, écologiste et sociale est tellement cristallisé que leur électorat, de toute façon, ne voterait pas pour le président sortant.

Sauf si Nicolas Sarkozy renonçait à se présenter - tabou levé depuis la semaine dernière - il sera intéressant de voir, à l'heure des choix, si « l'horloger de Valenciennes », constant allié de la droite et ministre pendant neuf ans, lève l'ambiguïté. On ne fait pas trébucher celui dont on souhaite la victoire. D'ailleurs, hier, on l'a vu applaudir l'appel à l'unité lancé par François Fillon. Comprenne qui pourra !



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