jeudi 7 avril 2011
Chef de guerre sur tous les fronts
En s'engageant sous couvert de l'ONU en Libye et en Côte d'Ivoire, au nom de la protection des populations civiles, la France est passée du principe de non-ingérence à celui d'un interventionnisme proclamé, risqué et coûteux. Il s'agit d'un tournant pour l'action française à l'étranger sur lequel le président devra éclairer la nation car, avec l'Afghanistan où 4 000 soldats sont déployés, et le Kosovo, la France est désormais présente sur quatre théâtres d'opérations. Les partis de gouvernement le soutiennent - même si le consensus semble se fissurer -, les Français sont loin de s'en indigner. Mais on sait combien l'opinion peut être réversible en cas de dommages « collatéraux ». A Tripoli comme à Abidjan, le but - non formulé mais recherché - vise à déloger deux dictateurs qui répriment leurs opposants à l'arme lourde. Il est vain d'épiloguer sur les intentions supposées d'un Nicolas Sarkozy qui voudrait montrer son caractère de chef de guerre, ou se refaire à l'extérieur une popularité en berne à l'intérieur. Les risques politiques qu'il court - celui de l'enlisement ou de voir des soldats perdre leur vie au combat - l'emportent sur les bénéfices éventuels. On fera les comptes quand Kadhafi et Gbagbo seront tombés et que des solutions politiques s'esquisseront. Il fallait être du bon côté de l'Histoire, du côté des peuples qui se soulèvent. Un massacre a été évité à Benghazi ; l'indifférence vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale aurait été reprochée. Il reste que Nicolas Sarkozy a renié sa promesse de neutralité et rompu avec le principe selon lequel la France ne se poserait plus en « gendarme » de l'Afrique. Il défend une certaine idée de la France et de son honneur - donner un coup de pouce aux démocrates - mais une toute autre affaire sera de savoir terminer ses engagements militaires.
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