TOUT EST DIT

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jeudi 7 avril 2011

Non au suicide des agriculteurs


Savez-vous que 400 agriculteurs ont mis fin à leurs jours en 2009, soit plus d'une personne par jour ? C'est deux fois plus que la moyenne nationale . Ce scandale se déroulait, jusqu'à présent, dans l'indifférence générale.

La société Saint-Vincent de Paul a organisé, récemment à Rennes, une table ronde sur la solitude en milieu rural. À cette occasion, le ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, a lancé un plan contre le suicide des agriculteurs, en cette année où la lutte contre la solitude est grande cause nationale.

Bien sûr, une partie du monde agricole est dynamique et va bien. Mais le désarroi d'une autre partie du monde agricole est immense. On l'ignore. Pire, on l'entretient par toutes sortes de comportements, d'images dévalorisantes, de soupçons, de moqueries envers les enfants d'agriculteurs...

L'isolement des agriculteurs grandit. On les accuse de tous les maux de la terre, en particulier de la pollution. En plus du mépris, on rajoute sur leurs épaules des contraintes qui demandent des investissements longs à amortir, alors que leurs revenus varient brutalement à cause de la fluctuation des cours mondiaux et qu'ils n'ont pas fini de rembourser les investissements précédents. On oublie que beaucoup sont économiquement fragiles.

Souvent plus pauvres, ils sont aussi moins aidés par leur entourage. Hier, le mari et la femme travaillaient souvent ensemble. Aujourd'hui, 75 % des jeunes femmes d'agriculteurs déclarent n'exercer aucune activité dans l'exploitation. « L'agriculteur se retrouve de plus en plus seul », constate le sociologue Jacques Rémy.

Une responsabilité collective

De plus, l'écart se creuse entre le mode de vie des agriculteurs et la manière de vivre générale : être toujours là, attaché à la terre, est difficile dans une société qui a fait des loisirs et du divertissement le passeport de la reconnaissance sociale. À mesure que la société sombre dans l'immédiateté, la noblesse du travail des agriculteurs se voile. On en oublierait presque que le pain que l'on mange chaque jour est « le fruit de la terre et du travail des hommes ».

Comment combattre le sentiment d'échec qui envahit peu à peu certains agriculteurs ?

Il y a « une responsabilité collective, explique François Régis Lenoir agriculteur et psychologue. Il faut détecter les territoires à risque car il existe des zones où les suicides sont contagieux. » Le plan décidé va s'y employer.

Au-delà, il s'agit, selon Bruno Le Maire, de « remettre les agriculteurs au premier plan de la société » en apportant les réponses économiques, sociales et humaines à leur désarroi. Dans le cadre du G20, le gouvernement lutte contre la spéculation qui provoque la volatilité des cours des marchés agricoles. Au niveau européen, il travaille pour que les produits agricoles importés répondent aux mêmes normes que les produits européens, afin d'éviter une concurrence inégale. En France, il plaide pour le juste prix d'achat des denrées agricoles. Sur le plan social et humain, un dispositif d'écoute et d'accompagnement va être mis en place.

Il est aussi un remède à la portée de tous : respecter ceux qui cultivent la terre. « On fait un beau métier. Nous méritons d'être pris en considération », déclarait un agriculteur. Être attentif à leur détresse cachée, y remédier sans attendre, est de la responsabilité de tous.



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