TOUT EST DIT

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vendredi 11 mars 2011

Des salariés en quête de sens

Coexistence des brillants profits des entreprises du CAC 40 et d'un chômage élevé ; doutes croissants d'une partie de l'opinion sur les bienfaits de la mondialisation au moment où elle accélère ; apparente incapacité du pouvoir politique à peser de façon efficace sur le réel comme à éviter les crises à répétition. La période actuelle est lourde d'étonnements, d'incertitudes et de ruptures. Qui, tous, nourrissent un climat politique anxiogène. Pour déterminer les ressorts de ce traumatisme hexagonal, il manquait une plongée dans le moral des salariés, aux premières loges économiques et sociales, en tous cas davantage que les Français en général. C'est désormais chose faite avec le sondage que nous publions avec Altédia et Ipsos. De cette enquête, trois mots surgissent.

Le premier, c'est l'angoisse de l'avenir. Quatre salariés du privé sur dix sont persuadés qu'ils connaîtront le chômage dans les prochaines années. C'est considérable, et c'est une proportion en hausse. Un autre résultat est encore plus massif : pour sept sondés sur dix, le plus dur de la crise, dans l'industrie, est encore devant nous. Le stress et la baisse de motivation sont les symptômes de ces craintes. Deuxième mot clef de cette enquête : la lucidité ou, si l'on préfère, la maturité. La méfiance vis-à-vis de l'entreprise est là mais les salariés ne se réfugient pas pour autant dans les fantasmes. Ils rendent somme toute un jugement équilibré sur l'attitude de leurs dirigeants pendant la crise. Ils ne sont par ailleurs qu'un tiers à juger « excessives » leurs rémunérations - et, s'ils souhaitent les voir plafonnées, ils ne croient pas que cela soit réaliste... Nous sommes loin des caricatures.

Le maintien, envers et contre tout, d'un lien fort, d'un intérêt, avec son travail constitue le troisième enseignement, optimiste cette fois, du sondage. « Mon boulot, mon supérieur direct » résistent à la critique et au scepticisme.

La conclusion de ce tableau ? Elle est simple. Les employeurs ont en face d'eux des salariés consciencieux, mais amers et dont la motivation s'effrite après des années, estiment-ils, d'efforts. L'attente la plus immédiate porte très logiquement sur des hausses de salaires. Rien de surprenant, tout juste peut-on remarquer que cette demande-là fait l'objet aujourd'hui d'un consensus écrasant.

Il serait néanmoins illusoire de penser que ce mode de reconnaissance suffit. Car, ce qui transpire dans cette enquête n'est au fond ni un malaise des salariés ni un rejet du « système », mais le besoin de retrouver dans leur travail du sens et de l'envie, l'un allant avec l'autre. Un lourd défi pour les entreprises.

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