TOUT EST DIT

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jeudi 29 avril 2010

Le scepticisme à l'encontre de l'Europe est de retour dans le débat politique

L'"euro-inquiétude" gagne du terrain en France. Chez les responsables de la majorité comme de l'opposition, la première préoccupation est d'éviter la propagation de la crise grecque et de répondre à l'exigence de solidarité européenne. Les uns et les autres, cependant, mesurent que la crise risque d'alimenter le scepticisme à l'encontre de l'Europe.
Intervenant, mercredi 28 avril, devant le "Club des 27" - les représentants des groupes parlementaires de droite des 27 Etats membres de l'Union européenne, réunis à Paris -, le secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes, Pierre Lellouche, s'est fait l'écho de ces craintes. "La crise et l'incapacité de ses institutions à y répondre accélèrent l'éloignement du peuple", a-t-il estimé, constatant "une montée des courants xénophobes et de la tentation du chacun pour soi". "Ce printemps est le printemps de tous les dangers", a jugé M. Lellouche.

Pour le gouvernement, l'exercice est délicat. Il entend prendre part au plan de "sauvetage" de la Grèce, tout en prenant garde de ne pas paraître se porter au secours d'institutions européennes que certains, à droite comme à gauche, accusent d'avoir contribué à la crise actuelle.

Les tenants du non au référendum sur la Constitution européenne et au traité de Lisbonne donnent de la voix. "Il faut d'urgence apporter un secours au peuple grec et faire plier la Banque centrale européenne (BCE), dont la responsabilité et l'action doivent être mises en cause", estime la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet. Selon elle, "la recherche permanente de convergence des politiques mises en oeuvre sur les règles de la BCE, les critères de Maastricht et du pacte de stabilité aboutit à des déséquilibres qui permettent aux spéculateurs de mettre des pays au bord d'une situation de faillite".

"TIRER LES LEÇONS DE LA CRISE"

Lors d'un rassemblement devant l'Association française des banques, à Paris, le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s'est dit convaincu que "le tour de la France viendra", en s'élevant contre l'"impunité des banques et des spéculateurs". Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, accuse le gouvernement français de "jeter 6,3 milliards d'euros (le montant du plan français d'aide à la Grèce) par la fenêtre". "On ferait mieux d'acter avant qu'il ne soit trop tard que ce système est suicidaire", estime le député de l'Essonne.

Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, à l'initiative de la réunion du "Club des 27", appelle pour sa part à un renforcement de la "gouvernance économique" de l'Europe. "Laisser la Grèce à ses problèmes serait la victoire des spéculateurs. La politique, c'est aussi la solidarité dans les moments difficiles", a-t-il répondu indirectement à ceux qui critiquent le plan de soutien à la Grèce. Il a cependant estimé "vital pour l'Europe de tirer les leçons de cette crise", plaidant notamment pour une convergence des stratégies de politique économique de la France et de l'Allemagne.

"Le moment est grave", a également reconnu Michel Barnier, vice-président du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, mettant lui aussi en garde contre "le retour au protectionnisme, aux réflexes nationaux et au populisme". "L'Europe n'est pas une option, elle est une nécessité vitale, s'est exclamé le député européen. Ou nous sommes ensemble ou nous ne sommes plus."

Pourtant, même dans les rangs de l'UMP, certains redoutent une fuite en avant. Constance Le Grip, nouvelle élue au Parlement européen, a appelé l'attention sur "le déficit démocratique qui peut menacer un gouvernement économique européen". "Faisons attention à ne pas construire une usine à gaz que nos concitoyens et les élus nationaux rejetteraient, à juste titre, comme des entraves à la souveraineté nationale", a souligné l'ancienne conseillère de l'Elysée auprès des parlementaires.

Le Parti socialiste, pour sa part, presse la France et les gouvernements européens d'agir au plus vite pour prévenir les risques de contagion. A l'Assemblée, il a approuvé en commission le plan d'aide à la Grèce, tout en jugeant le taux d'intérêt (5 %) fixé par l'accord européen trop élevé. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a jugé "urgent" que "l'Europe force pour réguler le système financier, sinon nous aurons d'autres Grèce".
Patrick Roger

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