TOUT EST DIT

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samedi 11 septembre 2010

Moyen Âge

Échevin ! Ce mot, à la sonorité gouleyante, désignait en fait des notables qui participaient aux décisions de justice. C'était au temps des seigneurs, jusqu'à ce que la Révolution passe par là, les supprime et les remplace par les maires. La République ne sachant plus où donner de la tête, voilà que l'on nous fait miroiter un retour à la case carolingienne. Il est question de sortir l'échevin de la poubelle de l'histoire : des individus, magistrats non professionnels, seraient placés auprès des magistrats professionnels dans les tribunaux correctionnels. Cette vox populi pourrait ainsi les contraindre à faire preuve de plus de sévérité.

Réagissant, comme à son habitude, aux derniers faits-divers et décisions de justice qui émeuvent l'opinion, Nicolas Sarkozy estime que la justice serait mieux rendue au nom du peuple français si le peuple lui-même, déjà présent dans les jurys de cour d'assises, l'était aussi en correctionnelle. Ce serait la justice du terrain sous l'effet du soi-disant bon sens populaire, celui qui décapite plus vite que son ombre.

Le président se donne, heureusement, le temps de la réflexion. C'est déjà un progrès après tant d'annonces intempestives, de décisions et d'amendements retoqués aussi vite que présentés. C'est vrai que de temps en temps la justice paraît étrange, voire scandaleuse, au commun des mortels. Mais à glisser vers une justice plus directement populaire et expéditive, on ouvre la boite de Pandore, celle des évidents risques de dérives. Et finalement, pourquoi s'embarrasser de magistrats professionnels ?

Convaincu que l'opinion le suit, à moins que ce ne soit le contraire, dans sa manière de coller au terrain sécuritaire, Nicolas Sarkozy gardera ce cap jusqu'en 2012. Du coup, il est engagé dans une course au mieux disant avec le Front national pour récupérer son électorat, sous le prétexte républicain de barrer la route aux héritiers de Le Pen. Il risque ainsi, de mesures à l'efficacité incertaine en postures sans lendemain, de passer de la surenchère populiste à un brouillage politique peu présidentiel. Bref, de l'escalade à la glissade.

XAVIER PANON

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