Coutumier des déplacements sur le terrain, à la moindre occasion, l'hyperprésident hyperréactif s'est quasiment jeté en queue de cortège syndical avec son plateau de mesures présentées comme des concessions nouvelles alors qu'il les avait sous le coude depuis le début. Il cherchait à convaincre l'opinion qu'il l'écoute et lui répond, et les syndicats qu'il leur offrait du grain à moudre. On ne mange pas de ce pain-là, lui ont-ils répondu aussitôt avec une nouvelle journée d'actions, dans la désunion et sans aller jusqu'à une grève générale. Le président mise aussi là dessus.
Au passage, il prend une fois de plus, la main sur François Fillon, histoire de garder sa marge de manoeuvre pour le prochain remaniement. Il espère désamorcer la contestation, boucler au plus vite ce dossier et lancer, en jouant d'une image de réformateur courageux, la dernière phase du quinquennat pour sa réélection. Lui qui se réfère sans cesse aux voisins européens pour justifier le recul de l'âge de la retraite, fait l'impasse sur les années de dialogue social qui ont permis un consensus dans ces pays où il y a moins de chômeurs et où les salariés sont moins dégoûtés du travail.
Cette stratégie de reconquête, dans l'urgence de son calendrier et des marchés, ne garantit pas contre toute mauvaise surprise. La réforme elle-même n'est pas à l'abri de quelques couacs, moins à l'Assemblée, malgré la bataille projet contre projet que livre le PS en quête de crédibilité, qu'au Sénat. Le rejet hier d'amendements sur la loi sécurité montre qu'il peut jouer les frondeurs. Les syndicats qui comptent sur lui pour enrayer la logique inégalitaire de cette réforme n'ont pas d'autre choix que de maintenir la pression dans la rue.
Le sentiment d'injustice constitue le principal défi pour Nicolas Sarkozy empêtré dans l'emblématique affaire Woerth-Bettencourt. Au moment où les Français sentent que le compte ne va pas y être et sont donc inquiets pour l'avenir, le président passe pour celui des privilégiés et fait grincer des dents, y compris dans son camp. Dans la dernière ligne droite et à droite, il y aura de la friture.
XAVIER PANON
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