TOUT EST DIT

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dimanche 1 août 2010

Maladie grave sans remède miracle

La santé est fragile. Craignant cette émotion populaire qui peut surgir à tout instant s'agissant de notre bien le plus précieux, la ministre Roselyne Bachelot marche sur des oeufs lorsqu'elle s'aventure à mettre un peu d'ordre dans la si onéreuse prise en charge des maladies graves, dont les soins sont indemnisés à 100 % par la Sécurité sociale. Cancer, hypertension, maladies cardio-vasculaires… : ces pathologies lourdes sont appelées « affections de longue durée » (ALD), manière pudique de dire qu'elles coûtent affreusement cher et que l'on n'en réchappe pas toujours.

L'an dernier, le gouvernement avait fait voter une disposition audacieuse destinée à faciliter l'interruption de cette couverture maladie intégrale dès lors que le patient est considéré comme guéri. Prudemment, le décret n'est encore pas paru. Cette année, le ministère de la Santé envisage de suivre l'avis de la Caisse nationale d'assurance-maladie, qui lui recommande d'éliminer de la liste des 30 ALD, en commençant par l'hypertension légère, celles que les progrès de la médecine ont rendues, sinon plus guérissables, bien plus supportables.

Reposant sur des recommandations médicales, concertée avec les associations de malades, cette approche au cas par cas offre l'immense mérite d'être une méthode douce. C'est également son inconvénient. A ce rythme, quelques dizaines de milliers de patients vont sortir du périmètre, quand des centaines de milliers y entrent chaque année. Plus de la moitié y sont toujours cinq ans après. D'exception, le régime des ALD est devenu de droit commun. Il concerne maintenant 15 % des assurés sociaux, dont les soins concentrent les deux tiers des dépenses maladie et expliquent 80 % de leur progression annuelle.

C'est inquiétant mais en rien choquant. Car ce n'est jamais que le reflet d'une société dans laquelle les malades vivent plus longtemps avec des pathologies graves devenant chroniques, dont les traitements coûtent plus cher - parfois plusieurs millions d'euros par an. Aussi est-il vain de placer dans une révision régulière, quoique nécessaire, des ALD l'espoir d'économies rapides et massives. Cela s'apparente à l'épreuve de Sisyphe. Ce n'est d'ailleurs pas la stratégie des pouvoirs publics.

Pour l'essentiel, la maîtrise de ces dépenses particulières ne peut venir que de ce qui concourt à la maîtrise des dépenses de santé en général. D'abord, la prévention, même si elle entraîne aussi plus de dépistages donc plus de frais de soins. Ensuite, une meilleure organisation dans la prise en charge des malades, à l'hôpital notamment. Enfin, grâce aux médicaments génériques, la baisse des coûts facturés à l'assurance-maladie, pour une qualité de service médical au moins équivalente.

Du point de vue de l'assureur-maladie qu'est la Sécurité sociale, cette politique a un double effet : rendre la couverture du gros risque moins insoutenable et celle du petit risque presque rentable. Face au coût exponentiel des longues maladies, il n'y a pas de remède miracle, mais des traitements à large spectre.

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