TOUT EST DIT

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jeudi 15 juillet 2010

Point d'inflexion

on le pressentait depuis quelque temps déjà, ces derniers jours l'ont confirmé. Après des semaines de fortes poussées, la fièvre est enfin retombée sur la dette souveraine européenne. En moins d'une semaine, trois membres des fameux PIIGS, le club des pays de la zone euro jugés les plus fragiles par les investisseurs, ont passé l'examen des marchés sans encombre. L'Espagne, la Grèce et enfin le Portugal sont parvenus à placer leurs obligations dans des conditions acceptables. Ce n'était plus arrivé depuis des mois.

Parler d'un retour à la normale est sans doute prématuré. Les taux offerts à l'occasion de ces différentes émissions obligataires témoignent d'un niveau d'exigence resté élevé de la part des marchés. Mais, une chose est sûre, l'heure n'est plus à la panique. Le fait que le Portugal ait pu boucler hier son adjudication avec succès au lendemain de la dégradation de sa note de crédit par Moody's en est la preuve. Tout comme la réussite de l'émission grecque. L'intérêt rencontré montre que les investisseurs valident les premiers résultats du sévère régime imposé à l'homme malade de l'Europe.

Mais l'enseignement le plus important apporté par ces trois opérations, c'est que leur succès ne doit rien aux mesures d'urgence mises en place par la BCE ou l'Union européenne. Il repose uniquement sur l'appétit retrouvé des investisseurs pour la dette européenne la plus risquée. A commencer semble-t-il par celui des Chinois. Au moment où de nombreux Etats de la zone euro sollicitent les marchés obligataires - 30 milliards d'euros pour la seule semaine en cours -, ce retour d'affection est des plus rassurants.

Il ne faut pas en conclure pour autant que la crise de la dette est terminée. D'autres accès de fièvre sont possibles. Ils sont même probables. Le prochain se produira aux alentours du 23 juillet : jour de la publication des tests de résistance auxquels sont soumises actuellement 91 banques du continent. Simple coup de chaud ou nouveau pic de température, le niveau du mercure dépendra des choix effectués par les autorités européennes sur le sujet.

Pour que le retour de la confiance dans la zone euro soit durable, il faudra d'abord que ces « stress tests » soient crédibles. C'est-à-dire que les scénarios économiques retenus éprouvent véritablement la résistance des banques. Ce qui signifie en clair qu'ils ne devront pas se conclure par un quitus accordé à tous les établissements, mais mettre en lumière les besoins de recapitalisation des plus fragiles. Ensuite, il est indispensable que le dispositif public prévu pour assurer ces injections d'argent frais, au cas hautement probable où l'appétit des marchés n'y suffirait pas, soit détaillé. Ce n'est qu'à ce prix que les finances de la zone euro retrouveront durablement un semblant de sérénité.


FRANÇOIS VIDAL

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