TOUT EST DIT

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jeudi 1 juillet 2010

Le spectre de la rechute

La crise est loin d'être finie. Voilà l'idée qu'il faut absolument avoir en tête au moment où l'inquiétude s'avive à nouveau sur les marchés financiers. Depuis la faillite du numéro deux américain du prêt « subprime », le bien-nommé New Century Financial, en avril 2007, la crise a déjà connu quatre épisodes aigus. La première panique bancaire en août 2007, la faillite de Lehman Brothers accompagnée d'un cortège de banques new-yorkaises au bord du gouffre en septembre 2008, l'effondrement vertigineux de la production et des échanges mondiaux dans les six mois suivants, le premier gros craquement de la dette publique, en Grèce, en avril 2010. Elle en connaîtra d'autres tant que le monde développé sera perclu de dettes.

Comme dans toutes les grandes crises, comme dans les années 1930, il y a des moments où ça va moins mal. Ceux qui ont le nez dans le guidon estiment alors que ça va mieux. Et les ingénus claironnent que c'est fini. Mais les problèmes sont loin d'être réglés. C'est précisément ce que redécouvrent les acteurs des marchés en ce moment. Dans la finance d'abord : les banques européennes doivent rembourser aujourd'hui la bagatelle de 442 milliards de dollars à la Banque centrale européenne (BCE), et ça ne va pas de soi. Pour s'acquitter de leurs engagements, elles ont dû réemprunter hier près du tiers de cette somme auprès de la BCE, qu'elles devront rembourser dans trois mois. Autrement dit, l'échafaudage mis en place par les banques centrales pour soutenir le système ne pourra pas être rapidement démonté.

Dans l'activité mondiale ensuite, rien n'est assuré. La production est certes repartie il y a plus d'un an, avec tout à la fois un effet dégel, des plans de relance sans précédent et un restockage massif. Mais, comme prévu, ces effets s'épuisent. Et le relais n'est pas certain. L'Amérique va affronter une tempête annoncée dans l'immobilier commercial et les aides au logement s'évanouissent. La Chine change de moteur de croissance en plein vol, ce qui va s'accompagner de fortes turbulences. L'Inde doit maîtriser son inflation. Le Brésil s'apprête à vivre une période politique plus agitée que le règne prospère de Lula. Dans les prochains mois, le spectre de la rechute va de nouveau hanter le paysage économique. Il va ranimer le débat sur les politiques de soutien à l'activité. Mais l'épisode grec montre que la dette publique touche ses limites, sauf à exhumer des techniques anciennes comme l'emprunt forcé. La crise est loin d'être finie.




JEAN-MARC VITTORI

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