TOUT EST DIT

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jeudi 1 juillet 2010

La tension monte à l'approche du « choc » de liquidités

Le prêt exceptionnel de 442 milliards d'euros à un an consenti par la BCE arrive à échéance demain. De quoi alimenter la nervosité du marché interbancaire.
La tension monte sur les marchés à mesure que s'approche le « choc » de liquidités du 1 er juillet. C'est en effet demain qu'arrive à échéance le prêt exceptionnel de 442 milliards d'euros accordé il y a tout juste un an à plus de 1.100 banques commerciales, à un taux fixe de 1 %, par la Banque centrale européenne (BCE). Les autorités monétaires préparent ce rendez-vous depuis des semaines, afin d'éviter que le système financier ne se retrouve ponctuellement en manque de liquidités. Mais la nervosité était encore perceptible sur le marché interbancaire hier : l'Euribor à 3 mois, considéré comme le principal baromètre du marché interbancaire en euro, est remonté à 0,761 %, contre 0,754 % la veille, à un plus haut depuis neuf mois et demi.

La crise de la dette souveraine a réveillé les soupçons entre banques et leur réticence à se prêter entre elles. Certains établissements, notamment dans les pays considérés comme les plus fragiles -l'Espagne, le Portugal, la Grèce ou l'Irlande -ont des difficultés à trouver des liquidités et doivent donc se tourner vers la BCE. D'où l'importance de réussir la transition du 1 er juillet. Selon le « Financial Times » d'hier, des banquiers espagnols se sont plaints que ce programme de financement exceptionnel à un an ne soit pas renouvelé. Un membre de la BCE a encore rejeté cette hypothèse hier.

Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, se veut toutefois rassurant. Il affirme que les banques de la zone euro, « pourront toutes rembourser » les prêts à un an, même s' « il y a quelques banques qui sont en moins bonne situation qui peuvent éventuellement souffrir ». Interrogé sur Europe 1, il a ajouté : « nous ferons en sorte qu'il n'y ait aucun problème et que tout cela se passe bien ». Il faut dire que la BCE a balisé le terrain. Demain, une opération spéciale d'octroi de liquidités à six jours sera mise en place par l'institution d'émission. Et une opération de refinancement à trois mois est prévue aujourd'hui pour « fluidifier » le marché. Selon une enquête de Reuters, la BCE devrait allouer 210 milliards d'euros aux banques lors de cette adjudication, les estimations des 27 professionnels du marché monétaire interrogés s'échelonnant de… 12 à 400 milliards d'euros. « Compte tenu de ces deux opérations exceptionnelles, le risque de voir le système bancaire européen dans son ensemble manquer de liquidité est nul. Mais leur déroulement n'en est pas moins important, car on sait que toutes les banques européennes ne sont pas dans la même situation de liquidité », rappelle Bruno Cavalier, chez Oddo Securities.

Indicateur des tensions

Une fois passé la date butoir du 1 er juillet, le surplus de liquidités dans le système financier devrait donc se résorber. Mais jusqu'à quel point ? Le niveau sera un bon indicateur du degré de tension qui reste dans les circuits monétaires (lire ci-contre). Les professionnels interrogés par Reuters estiment le montant de liquidités excédentaires qui restera disponible à 150 milliards d'euros -c'est l'estimation médiane, au lieu de 300 milliards environ aujourd'hui. Cette normalisation progressive devrait donc conduire à une chute des montants déposés au jour le jour à la BCE et à un déblocage de l'Eonia, le taux interbancaire au jour le jour, susceptible de remonter vers le principal taux directeur (1 %), alors qu'il évolue actuellement à 0,326 %. « Des tensions pourraient être observées sur la partie courte de la courbe des taux interbancaires, avant que le marché ne se stabilise à un point d'équilibre », confirment les économistes de Crédit Agricole. Selon l'enquête Reuters, le taux Euribor 3 mois devrait atteindre 0,80 % d'ici un mois, et 0,90 % dans trois mois.

Ces tensions se répercutent également sur le marché obligataire, où les écarts de rendements entre les emprunts d'Etat émis par les pays périphériques de la zone euro et les titres allemands de référence se creusent. « Le retour sur le marché des collatéraux (les titres que les emprunteurs apportent en garantie à la BCE, NDLR) mobilisés par les banques à cette occasion pourrait accentuer les tensions sur les taux longs des pays d'Europe du Sud, d'autant que la BCE a ralenti le rythme de ses interventions sur le marché secondaire de la dette souveraine », poursuivent les économistes de Crédit Agricole. L'institution avait lancé en mai ce programme exceptionnel d'achats d'obligations publiques. La semaine dernière, elle n'a racheté « que » 4 milliards d'euros de titres de dette publique.

GUILLAUME MAUJEAN

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