TOUT EST DIT

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mardi 13 juillet 2010

Du calme

On a coutume, en France, de dénoncer l’irresponsabilité dont feraient souvent preuve les organisations syndicales, leur refus de regarder au-delà de leur propre intérêt. Raison de plus pour saluer leur attitude vis-à-vis d’Éric Woerth. Les syndicats se refusent à exploiter les soubresauts de l’affaire Bettencourt pour tenter d’affaiblir encore davantage le ministre en charge de la réforme des retraites, projet qui suscite pourtant leur opposition virulente.

Le débat public aurait beaucoup à gagner si cette attitude était davantage partagée. La France doit aujourd’hui faire face à des échéances graves : la réforme des retraites, le rétablissement des comptes publics, la lutte contre un chômage qui progresse dans la quasi-indifférence. Elle ne doit donc pas dilapider son énergie dans des polémiques et des attitudes destructrices. L’avertissement vaut pour les partis d’opposition et pour les médias. Il vaut tout autant pour le gouvernement et ses porte-parole dont certaines réactions sont disproportionnées. Par exemple lorsque Xavier Bertrand utilise l’expression « méthodes fascistes » à propos du site Internet Mediapart. À cet égard, il faut espérer que, ce soir sur France 2, Nicolas Sarkozy résistera à la tentation de régler des comptes avec tel ou tel organe de presse. Ce serait jeter de l’huile sur le feu.

Appeler au calme ne signifie en aucune façon négliger les questions que soulève l’affaire Bettencourt : les risques de conflit entre l’intérêt public et les intérêts privés, le cumul plus que discutable entre les fonctions de ministre et celles de trésorier de parti, le maintien de pratiques nuisibles en matière de financement politique, l’équité fiscale… Mais discuter de tels sujets dans un climat de passion est peut-être le meilleur moyen de ne pas en tirer de conséquences. Il importe au plus haut point que les réformes à envisager soient examinées posément et démocratiquement, par exemple dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire. Il y aurait là une forme de persévérance civique qui donnerait toute sa légitimité au calme souhaité.

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