TOUT EST DIT

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mardi 22 juin 2010

Sortez les amateurs !


Les Bleus se sont entraînés hier. Le simple fait qu'il s'agisse là d'une information relayée dans le monde entier donne une idée du feuilleton tragicomique qu'est devenu le parcours de l'équipe de France de football en Coupe du monde. On pourrait évidemment se contenter d'en sourire, considérant que la chronique des péripéties d'une vingtaine de sportifs multimillionnaires et de leur entourage relève davantage de la farce que de l'affaire d'Etat. On aurait tort.

D'abord, parce que la résonance de cet avatar de « Loft story » au beau milieu du plus grand événement sportif de la planète dépasse largement les frontières du foot. Qu'on le veuille ou non, les sélections nationales y ont un devoir de représentation de leur pays. Et, à cette aune, le comportement de nos Bleus hors du terrain (propos orduriers, bagarre, chasse au « traître », grève), qui fait suite au « coup de boule » de Zidane et à la main de Henry, est proprement dévastateur. Il renvoie l'image d'un pays qui n'a plus les moyens de ses ambitions -en l'occurrence remporter la Coupe du monde -et qui, de surcroît, se révèle incapable de surmonter les intérêts particuliers. Cela ne devrait pas concourir à améliorer le moral des Français. Ni à redorer le blason de notre pays vis-à-vis de nos partenaires à quelques jours du G20.

Mais au-delà de sa portée symbolique, le psychodrame de Knysna est aussi le symptôme d'une crise de croissance. Celle du sport professionnel français et de sa gouvernance, devenue inadaptée. Bien sûr, on peut trouver sympathique qu'en 2010 le foot, et plus largement le sport pro hexagonal, soit toujours régenté par des bénévoles issus du monde amateur. Mais il faut se rendre à l'évidence. Cette architecture ne répond plus aux exigences imposées par le sport business. Face à l'explosion des salaires et plus largement de la manne que génère le sport pro, il faut mettre d'urgence des professionnels de la gestion, du management ou encore du marketing aux postes clefs de nos fédérations. Ce n'est qu'à ce prix que nos instances dirigeantes retrouveront du crédit auprès de sportifs au comportement d'enfants gâtés. Et que nous pourrons accessoirement prétendre remporter des titres à nouveau.

Après le sacre de 1998, le système de formation français était devenu un modèle dans le monde du football. Après la déroute de 2010, que seul un miracle pourra éviter maintenant, le foot français serait bien inspiré de suivre l'exemple de ses voisins allemand ou anglais, qui l'ont précédé sur la voie de la professionnalisation des instances dirigeantes.

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