Paris ville ouverte. Cette décision du gouvernement français portait, en elle, toutes celles qui suivirent et conduisirent à l'armistice du 22 juin 1940.
Même pour les enfants des écoles, cette déclaration signifia que la guerre était perdue puisque la capitale du pays était prise. Qu'est-ce, en effet, qu'un pays si sa capitale est aux mains de l'ennemi ? Un vaincu évidemment...
À l'heure où l'armistice était demandé en France, la Grande-Bretagne se barricadait pour faire face à une invasion probable. Le pays devint une fourmilière. Les barrages poussèrent comme des champignons sur toutes les routes côtières. Les hommes, même âgés, s'entraînaient à manier des armes. Des femmes réclamaient des grenades pour les jeter, depuis leurs fenêtres et leurs balcons, sur l'ennemi s'il passait par là. Les poteaux routiers indicateurs étaient détournés de leur sens pour désorienter l'envahisseur. Au lieu d'être une ville ouverte, Londres acceptait d'avance les destructions que ne manqueraient pas de lui infliger les combats. Et l'on sait ce que subit la capitale britannique dans les semaines qui suivirent. On peut donc se demander pourquoi les Anglais et les Français firent des choix aussi contradictoires.
En France même, ces derniers se divisèrent entre ceux qui voulaient continuer la lutte et ceux qui préféraient cesser le combat. Tous, sans doute, portaient un amour égal à leur pays. Qu'est-ce donc qui poussait les uns à la résistance et les autres à la soumission ?
Londres barricadée
Il fallait être fou ou visionnaire pour croire, en juin 1940, à une victoire possible sur l'Allemagne. Celle-ci avait vaincu sur tous les territoires d'opérations. Elle était alliée à l'URSS, à l'Italie. Elle était amie du Japon. Alors que, pendant ce temps-là, les États-Unis observaient tout cela sans s'engager.
Les Français, dans leur majorité, crurent que le prestigieux maréchal Pétain avait raison de tenter de sauver ce qui pouvait l'être et, dans ce but, de composer avec l'ennemi. Ils suivirent massivement le maréchal qui fut, du reste, acclamé dans ses déplacements en France et à Paris même, jusqu'au printemps 1944.
Sans doute, la farouche clairvoyance d'un Churchill, qui avait jaugé et jugé le nazisme, a-t-elle sauvé l'Europe et les démocraties d'une abominable domination que les Français découvrirent peu à peu par la suite. Le général de Gaulle était de la même trempe que l'indomptable Premier ministre, mais, d'abord, il fut seul. À Londres, Churchill lui dit en ces jours-là : « Puisque vous êtes seul, je vous reconnais tout seul. »
Paris ville ouverte signifiait que le gouvernement français voulait d'abord épargner la vie de ses citoyens. Londres barricadée signifiait que le gouvernement britannique choisissait d'abord de perdre des vies plutôt que l'indépendance.
Entre le sacrifice et la résignation, il avait fallu choisir.
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