Le Sénat défend l'agriculture. Son président, Gérard Larcher, et le sénateur de la Manche Jean Bizet cultivent pour cela la relation franco-allemande. Outre-Rhin, on plaide « pour maintenir une Pac à enveloppe constante ».
« La distance entre eux et nous est moins importante que je ne l'imaginais. » Dans le salon Air France de l'aéroport de Berlin, Gérard Larcher dresse un premier bilan de trois jours de rencontres avec des ministres, des responsables de partis, des syndicalistes agricoles, les présidents du Bundestag et du Bundesrat. Le truculent président du Sénat français ne cache pas son soulagement : « Après 2013, il y aura une autre Pac qui ne sera pas un abandon des agriculteurs. »
À Berlin, le numéro deux de l'État français ne s'est pas vraiment embarrassé de protocole. Avocat passionné des territoires et de l'agriculture, il a mouillé sa chemise, et peut-être perdu encore quelques kilos, pour rapprocher les visions française et allemande, et préparer une réforme qui s'annonce autrement que sous le seul angle de l'économie budgétaire.
À budget constant
Horst Köhler, président fédéral de l'Allemagne, situe immédiatement l'enjeu : « L'Europe et les États-Unis ne représenteront bientôt que 10 % de la population mondiale. » Traduction : nous devrons assez largement nourrir le monde. Mais cette sécurité alimentaire doit s'effectuer en respectant l'aménagement du territoire, l'environnement et le revenu des agriculteurs. Tous les dirigeants allemands le disent : « Pour cela, il faut maintenir une Pac à enveloppe constante. »
Entre les deux pays, le débat ne porte que sur la manière de lisser les cours ou de répartir l'aide entre les deux piliers, entre l'aide strictement agricole et le soutien à la diversification. Le désaccord ne concerne guère que les assurances pour aléas climatiques. « Ils ont peur, rapporte Gérard Larcher, que ça devienne un droit de tirage pour les pays du sud. »
Il faudra aussi convaincre certains pays du Nord : « Les Pays-Bas, note Hans-Michaël Goldman, le président de la commission agriculture du Bundestag, veulent supprimer le premier pilier et utiliser tout l'argent dans l'intérêt de la société. » Helmut Born, le secrétaire général du Bauernverband, la FNSEA allemande, explique pourquoi il ne faut pas lâcher : « En 2009, notre production a augmenté de 4 % en volume, mais a baissé de 20 % en valeur. »
Une Pac après la Pac, donc, mais qui ne suffira pas. À l'image de ce que propose la loi de modernisation agricole, débattue au Sénat à partir du 18 mai, il faudra développer la contractualisation producteurs-transformateurs, mutualiser le matériel pour éviter de coûteux surinvestissements, trouver des compléments de revenu dans les cultures énergétiques, la méthanisation, l'éolien ou le solaire. Bref, refonder l'agriculture : « Si les pouvoirs publics ne le font pas, explique le sénateur de la Manche Jean Bizet, président de la commission des Affaires européennes, les marchés vont le faire, et ça va être brutal. »
Malgré tout, une exploitation sur cinq va encore disparaître, spécialement dans le lait. « C'est pour cela, insiste Jean Bizet, renforcé dans sa conviction par son voyage en Allemagne, qu'il faut soutenir d'autres activités. Le Sénat a un devoir de reconquête des territoires. »
Michel URVOY.
lundi 17 mai 2010
L'Allemagne pour le maintien d'une Pac forte
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