TOUT EST DIT

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vendredi 12 mars 2010

L’appel de la France et de la Norvège pour la protection des forêts tropicales

Une éclaircie dans l'atmosphère toujours plombée des négociations climatiques ? Jeudi 11 mars, une cinquantaine de pays emmenés par la France et la Norvège ont décidé de travailler ensemble pour donner forme à la lutte contre la déforestation et s'assurer que les promesses faites en décembre 2009 à Copenhague ne restent pas des vains mots.
Tous les grands pays forestiers tropicaux – Brésil, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Etats du bassin du Congo… ainsi que les principaux donateurs ont participé à la rencontre. "La destruction massive de la forêt à l'échelle de la planète continue. Il faut y mettre un terme et la solidarité internationale doit fonctionner", a demandé le ministre français de l'écologie, Jean Louis Borloo.

La déforestation est à l'origine d'environ 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et l'équivalent de la superficie de la Grèce disparaît chaque année. Lors du sommet de Copenhague sur le climat, six pays – Australie, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon et Norvège – s'étaient engagés à verser 3,5 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) aux pays forestiers tropicaux. Depuis, rien ne s'est passé.

A l'issue de la rencontre qui s'est tenue à huis clos, M. Borloo a annoncé que le premier travail du "club des amis de la forêt" serait de recenser l'ensemble des financements – multilatéraux et bilatéraux – déjà dédiés aux forêts, puis d'identifier une série de projets prêts à être financés. "Nous souhaitons aller à Cancún [où se tiendra la prochaine conférence ministérielle de la convention climat des Nations unies, en décembre prochain] en montrant qu'il y a des choses qui marchent, pas seulement avec des idées", a expliqué le ministre brésilien de l'environnement, Carlos Minc.

POLITIQUES FORESTIÈRES CRÉDIBLES

L'accord de Copenhague a appelé à la mise en œuvre du REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation). Cet acronyme un peu obscur est, pour les diplomates du climat, le sésame de la lutte contre la déforestation. Il promet de rémunérer, sous forme d'aide publique internationale ou de crédits carbone, les pays qui réussissent à préserver leurs forêts ou à en accroître la superficie. Mais avant de se présenter au guichet, il faut mettre en place des politiques forestières crédibles, et être en mesure de démontrer que les objectifs promis ont bien été tenus. C'est sur ce long chemin que sont engagés une quarantaine de pays. Les plus pauvres dépendent de l'assistance internationale pour faire un état des lieux précis de leurs forêts et définir une stratégie.

Dans les prochains jours, M.Borloo devrait également envoyer une lettre aux autres pays membres de la convention climat pour solliciter leur soutien financier. Selon les évaluations du cabinet McKinsey, entre 15 et 25 milliards de dollars seraient nécessaires pour réduire la déforestation d'un quart d'ici à 2015.

Si ces chiffres sont hors d'atteinte, l'idée est de réussir à drainer pour la forêt l'équivalent de 20% des 30 milliards de dollars promis globalement aux pays en développement d'ici à 2012. Jeudi, l'Allemagne, l'Espagne et la Commission européenne ont indiqué qu'elles se joindraient au groupe des donateurs. Il est aussi question de créer un secrétariat "léger" pour gérer le processus. Le représentant américain, Jonathan Pershing, a en effet exprimé l'hostilité des Etats-Unis à une nouvelle bureaucratie.

La création d'un fonds voué à accueillir l'ensemble des contributions semble par ailleurs une hypothèse pour le moment écartée puisqu'il existe déjà plusieurs initiatives multilatérales pour financer la lutte contre la déforestation. "Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle structure qui prendrait des années de négociation avant de voir le jour, mais nous avons en revanche besoin d'une meilleure coordination entre les bailleurs", explique Monique Barbut, présidente du Fonds mondial pour l'environnement. Une prochaine rencontre est prévue fin mai à Oslo (Norvège).
Laurence Caramel

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