La soif de "changement" qui avait si bien profité à Barack Obama pendant la campagne présidentielle semble s'être retournée contre lui . Un an après l'arrivée à la Maison Blanche du président démocrate, les électeurs du Massachusetts ont adressé à sa majorité un avertissement retentissant en élisant un républicain dans le fauteuil considéré comme imprenable de feu Ted Kennedy au Sénat.
Pour M. Obama, qui était venu soutenir la candidate démocrate, c'est un échec cuisant qui compromet notamment la réforme de l'assurance-santé.
Avec 52 % des voix, le républicain Scott Brown, un quasi-inconnu, s'est emparé du siège qu'avait détenu John F. Kennedy jusqu'à son élection à la présidence, puis son frère Ted pendant quarante-sept ans.
Sa victoire dans un Etat que M. Obama avait remporté avec 26 points d'avance sur John McCain en 2008 a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans la classe politique, qui observe, tétanisée, la montée de la vague populiste.
"LES ÉLECTEURS VEULENT DU SANG"
"La voix des indépendants a parlé", a clamé le vainqueur, alors que derrière lui, la foule républicaine scandait "John Kerry, next !" ("John Kerry, le prochain"), par référence au deuxième siège de sénateur de l'Etat, détenu par un autre baron démocrate, l'ancien candidat à la présidence John Kerry. "Les électeurs protestent. Ils veulent du sang", a dit Patrick Kennedy, le fils du sénateur décédé en août.
Un an après l'investiture triomphale du 20 janvier 2009, c'est un républicain qui est apparu sur toutes les chaînes pour incarner le changement, et une certaine audace politique. Scott Brown, 50 ans, a indiqué qu'il allait descendre à Washington avec la vieille camionnette qui a été sa marque distinctive pendant la campagne et précisé crânement qu'il avait proposé au président de l'essayer (M. Obama s'était moqué dimanche du véhicule).
Avocat, issu d'un milieu défavorisé – il a posé dans Cosmopolitan pour payer ses études –, Scott Brown a fait campagne contre les privilèges. Il a habilement désamorcé les constantes références au "siège de Ted Kennedy". "C'est le siège du peuple", a -t-il corrigé.
D'une élection partielle, Scott Brown a fait un référendum national en la présentant comme "le 41e vote" : celui qui allait empêcher les démocrates de conserver leur super-majorité de 60 voix au Sénat, nécessaire pour briser les manœuvres d'obstruction de l'opposition.
Autrement dit, le rempart ultime contre le programme de M.Obama qui, de la régulation financière au changement climatique, est considéré comme une "usurpation" d'autorité par les républicains. Une rhétorique de plus en plus répandue : ce sont maintenant 35 % des Américains, selon un sondage du National Journal, qui estiment que dans le climat économique actuel, le gouvernement représente "plutôt le problème que la solution".
Le 41e vote serait surtout le rempart contre l'adoption finale de réforme de l'assurance-maladie (healthcare), un dossier sur lequel l'opposition n'a cessé de batailler, depuis huit mois que dure le débat (selon la moyenne des sondages établie par le site RealClearPolics. com, 50 % des Américains sont opposés à la réforme, contre 41 % qui l'approuvent).
Un projet qui, politiquement, est devenu un champ de mines pour M. Obama, ne serait-ce que parce qu'il a mis en lumière son incapacité à apporter le changement promis au "système" de Washington. Après avoir assisté au spectacle d'élus obtenant des concessions avant d'accorder leur soutien, les Américains voient leur président accaparé depuis plusieurs semaines par un exercice de "réconciliation" entre démocrates dont ils ne savent rien. "Plus de réunions à huis clos ni d'arrangements d'arrière-salle", a promis Scott Brown.
La réforme a déjà eu un coût important, ne serait-ce que pour la crédibilité de M.Obama, qui avait mis en demeure le Congrès d'agir "avant les vacances d'août".
Certains démocrates pensent maintenant qu'il vaudrait mieux abandonner. D'autres veulent en finir au plus vite, en utilisant un stratagème : faire voter par la Chambre l'exacte version adoptée par le Sénat pour éviter d'avoir à repasser devant la Chambre haute. Les républicains ont déjà prévenu qu'ils s'opposeraient à tout coup de force éventuel. Plus préoccupant, le sénateur démocrate Jim Webb a jugé impossible de statuer sur le projet tant que le nouvel élu n'aurait pas occupé son siège au Sénat.
DES VICTIMES AU CONGRÈS
Au Congrès, la réforme a déjà fait des victimes. Plusieurs élus ont préféré annoncer leur retrait plutôt que d'avoir à affronter une défaite en novembre : le sénateur du Dakota du Nord, Byron Dogan, par exemple, a jeté l'éponge. Il avait défendu ce qu'il croyait être la ligne du parti, à savoir l'autorisation d'importer des médicaments du Canada, pour favoriser la concurrence. Dans le projet final, cette mesure a été victime de l'esprit de compromis avec les compagnies d'assurances.
Le chef de file démocrate Harry Reid est lui-même donné battu dans son fief du Nevada. Même Ben Nelson, le sénateur du Nebraska, qui a obtenu une enveloppe de 100 millions de dollars (70,5 millions d'euros) pour son Etat avant de se rallier à la réforme, a chuté de 20 points dans les sondages. Jusqu'à mardi soir, les démocrates jugeaient improbable de perdre leur majorité de 40 sièges à la Chambre. Après une défaite aussi symbolique que celle du Massachusetts, les pronostics étaient moins assurés.
M. Obama risque de devoir réviser ses projets, comme l'avait fait Bill Clinton après sa défaite de 1994 (52 sièges perdus). Les observateurs s'attendent à ce qu'il trace de nouvelles perspectives lors de son discours sur l'état de l'Union, finalement fixé au 27 janvier.
Corine Lesnes
mercredi 20 janvier 2010
Un an après son triomphe, Obama en échec
OBAMA EST TROP À GAUCHE POUR CETTE NATION ÉPRISE DE LIBERTÉ.
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