TOUT EST DIT

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mardi 1 décembre 2009

Minaret: L'UMP se questionne

Alors que certains membres de l'UMP posent le débat sur des minarets dans le paysage urbain, au lendemain d'un référendum sur le sujet en Suisse, l'opposition dénonce une "manœuvre électoraliste" de la majorité destinée à séduire l'électorat d'extrême-droite.
Depuis dimanche soir, le "non" suisse aux minarets fait des vagues dans toute l'Europe. La France ne fait pas exception. Le Front national s'est enfoncé dans la brèche dès les résultats du référendum publiés. Le parti d'extrême-droite indique, dans un communiqué, que le "non" suisse est un signal envoyé aux "élites", qui doivent "cesser de nier les aspirations et les craintes de peuples européens (face) à des signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans, souvent à la limite de la provocation"

Côté UMP, Xavier Bertrand a lancé en premier le débat: le secrétaire général du parti majoritaire a jugé dimanche soir qu'on n'avait pas "forcément besoin" des minarets en France. Le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, a abondé dans son sens lundi sur France Info. "Il faut pouvoir assumer ses convictions sans que cela blesse qui que ce soit et sans que cela transgresse le principe de laïcité", a-t-il estimé, faisant le distinguo entre les minarets et les clochers des églises catholiques qui sont "un héritage historique". Lundi en fin d'après-midi, Frédéric Lefebvre, porte-parole du parti, s'est toutefois montré plus mesuré: évoquer la présence des minarets dans le paysage urbain lui semble légitime "au sein du débat sur l'identité nationale". Il se veut cependant vigilant face à toute tentation de prosélytisme: "Le prosélytisme doit s’arrêter là où il y a des règles. Nous ne laisserons pas faire la provocation", a-t-il déclaré lors d'un point presse.

Ces prises de positions relayent ce que pensent certains militants de la majorité, qui osent désormais élever la voix. Mais le débat ne fait toutefois pas l'unanimité dans les rangs de la majorité ou de l'exécutif. Jean-François Copé, patron des députés UMP, a botté en touche, rappelant sur France Info qu'un tel sujet "risque d'encourager les amalgames". Les figures de l'ouverture y vont aussi de leur diatribe antiraciste. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré "scandalisé" par cette "expression d'intolérance". "Si on ne peut pas construire de minarets, cela veut dire qu'on opprime une religion", a-t-il déclaré sur RTL. L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard a jugé sur Radio Classique que la peur est "mauvaise conseillère" et que le "non" suisse "est un vote de violence".
"La stratégie du bouc émissaire"

Le Parti socialiste ne s'est pas tant exprimé sur la question de la laïcité que sur les propos assez prompts de Xavier Bertrand et de Dominique Paillé. Pierre Moscovici a jugé sur LCI "électoralistes" les propos du secrétaire général de l'UMP qui, selon lui, reviennent à dire "qu'au fond les Suisses montrent la voie". Pour Benoît Hamon, en Suisse comme en France, "la stratégie du bouc émissaire porte". Une "stratégie" qui permettrait de récupérer des voix d'extrême-droite à quelques mois des élections régionales, selon lui.

Les Verts, eux, dénoncent l'avancée des idées "xénophobes et islamophobes" en Europe. "Tous les prétextes sont bons: débat sur la burqa, mariage gris, minarets, amalgame entre la sécurité et l'immigration, identité nationale pour faire peur et nourrir un sentiment de rejet contre certains immigrés ou européens issus de l'immigration venant de pays musulmans", accuse le parti écologiste dans un communiqué. Comme les Verts, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, fait le lien entre le vote suisse et le débat lancé par Nicolas Sarkozy sur l'identité nationale: en période de crise, "certains trouvent avantage à mettre en exergue des coupables tout désignés". Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) est encore plus radical, affirmant, par communiqué, qu'il "est plus que temps de bloquer la campagne idéologique nauséabonde du gouvernement".

Dans ce concert de condamnations, Eric Besson, le ministre de l'Immigration chargé d'animer le débat sur l'identité nationale, a tenté de minimiser l'impact du référendum suisse. "Nous devons favoriser en France l'émergence d'un islam de France qui s'intègre dans les valeurs de la République et le meilleur moyen de parvenir à cela c'est d'éviter les faux débats", a-t-il affirmé en arrivant à Bruxelles, où il doit se réunir avec ses homologues européens. La question des minarets relève selon lui, "d'urbanisme" et non de politique.

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