TOUT EST DIT

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mardi 1 décembre 2009

Débat chez les imams de France sur les minarets

Une petite partie d'entre eux estiment que les lieux de culte musulmans doivent se faire discrets «pour éviter de réveiller les peurs».
«Le minaret n'est pas une obligation coranique. C'est une architecture traditionnelle pour appeler à la prière dans les pays musulmans. Il n'est absolument pas nécessaire en France. Il est même déplacé», affirme l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou. Lui a sciemment écarté cette tour du projet de grande mosquée de sa ville. «Dans le climat actuel, le minaret est perçu comme un défi. Pour éviter de réveiller les peurs et les intégrismes, je milite pour une présence discrète de l'islam.»

Au sein de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Tareq Oubrou fait cependant figure d'exception. À Poitiers, le représentant de ce courant proche des Frères musulmans a insisté pour qu'un minaret surplombe la future grande mosquée. Au risque de réveiller les passions dans une ville symbolique. «C'est un ornement. Nous n'appellerons pas à la prière», se défend El Hadj Amor. «Mais il est important de signaler les lieux de culte musulman.»

Pour mieux reléguer l'islam des caves au passé. Pour sortir de la clandestinité la deuxième religion de France. Avec la création du Conseil français du culte musulman en 2003, les associations musulmanes comme les autorités ont souhaité l'émergence de lieux de culte plus dignes. Certaines mairies se sont impliquées, utilisant largement le bail emphytéotique de 99 ans pour aider à la construction des mosquées. À Bondy, le maire socialiste Gilbert Roger a débloqué un projet en déshérence. En 2001, «personne ne réclamait de minaret. En revanche, nous avons obtenu une dérogation pour construire un très beau toit vert.»

À mesure que l'islam s'est officialisé, les projets de mosquées plus monumentales ont surgi. «La demande de minaret est devenue plus naturelle», affirme Ladj Thami Breze, de l'UOIF. Même s'il n'est que symbolique et muet, beaucoup de musulmans y tiennent, assurent les responsables religieux. «Dans les grandes villes, lorsque les fidèles le réclament, il est légitime d'indiquer et de normaliser la présence des musulmans», affirme Mohammed Moussaoui, qui préside le CFCM. «Mais ce n'est pas une nécessité absolue. La plupart des associations ne le demandent pas. Elles veulent juste pouvoir pratiquer leur culte.»

Rejet local

Leur nombre reste de fait limité : sur deux mille lieux de culte, on compterait une vingtaine de minarets dont dix s'élèvent au dessus de 15 mètres. Car ces projets, souvent monumentaux, peinent à se financer. Enfin la taille du minaret doit répondre au code de l'urbanisme. Il fixe, comme pour les autres bâtiments, la hauteur maximum, le style architectural, la surface au sol… La hauteur est ainsi discutée avec la municipalité. Enfin le minaret n'a pas vocation à diffuser un appel à la prière. «Au­cune association ne réclame de muezzin» , rappelle le bu­­reau des cultes, au ministère de l'In­té­rieur.

Sans provoquer de débat national comme en Suisse, le minaret suscitait parfois du rejet localement. Comme à Bayonne ou encore à Montpellier où le socialiste Georges Frêche n'en voulait pas. Désormais, les responsables du CFCM craignent une interdiction pure et simple. «Les musulmans doivent avoir la capacité de rassurer, avance Mohammed Moussaoui, mais vouloir rendre l'islam invisible, en légiférant, me paraît dangereux.»

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