La réforme de la formation des enseignants, voulu par la ministre de la recherche, Valérie Pécresse, et par le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, n'en finit pas de semer le trouble dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). La quasi-totalité des 32 IUFM de France étaient mobilisés contre le projet, lundi 7 décembre, à l'initiative de leurs directeurs.
Ainsi, à midi, l'amphithéâtre de l'IUFM de Paris IV, dans le 16e arrondissement, ne suffisait pas à accueillir tout le monde. Professeurs et élèves y ont débattu des conséquences de la mastérisation du cursus des futurs professeurs. Le principe de la réforme est simple : élever les niveaux des enseignants en les recrutant à bac + 5 contre bac + 3 aujourd'hui. A la sortie, deux sentiments dominent : défiance et inquiétude.
"La mastérisation est d'abord une chance pour les enseignants et les élèves" écrivaient pourtant les deux ministres, le 18 novembre, dans une tribune publiée dans Le Monde. Un discours qui a laissé impassible un corps enseignant échaudé par la politique menée par Xavier Darcos, père spirituel de cette réforme. Ainsi, Thomas, professeur des écoles stagiaire, voit dans ce projet la poursuite de la stratégie du "moins disant économique" : "non-remplacement de professeurs, augmentation du nombre de classes surchargées, suppression du Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased)... Au vu de la politique générale du gouvernement concernant l'éducation nationale, on peut légitimement s'inquiéter de toute initiative."
"LE BAGAGE QUE L'ON NOUS PROPOSE EST DÉJÀ TRÈS FAIBLE"
La réforme prévoit le recrutement d'enseignants qui prendront leur poste après une préparation académique à l'université, mais sans formation pédagogique dans les IUFM et parfois même sans stage en situation scolaire concrète. Dans le plan gouvernemental, les stages sont seulement "conseillés". Un changement minime pour Gabriela, selon qui la formation pédagogique délivrée par les IUFM est de toute façon "largement insuffisante". "Nous avons un jour de formation pédagogique par semaine, explique l'étudiante, le bagage que l'on nous propose est déjà très faible"."Il y a des insuffisances, c'est vrai, admet Thomas, on nous apprend à transmettre des connaissances, mais on ne nous donne aucune clé pour bien gérer un groupe. Ce n'est pas pour autant qu'il faut faire table rase d'un système qui fonctionne, nuance l'étudiant, au contraire, il faut l'améliorer."
Pour Elsa, le virage que prend l'éducation nationale en modifiant son mode de recrutement la conduit vers un "système à l'anglo-saxonne". "Bientôt, à l'issue du concours nous n'aurons plus de poste assuré. Nous devrons postuler auprès des écoles, collèges ou lycées en fonction des besoins, comme dans une entreprise." Une école publique qui suivrait le modèle de recrutement du privé... "C'est cette dérive que nous pouvons craindre."
Eric Nunès
mardi 8 décembre 2009
Les IUFM mobilisés contre la réforme de leurs cursus
TOUT LE MONDE VEUT DES RÉFORMES, MAIS PAS POUR SON SECTEUR !
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