TOUT EST DIT

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samedi 10 octobre 2009

Un jour comme un autre

On cherche en vain le climat prérévolutionnaire ou l'insurrection populaire que promettaient avec délectation quelques irresponsables au printemps dernier.

Premier rendez-vous officiel d'une rentrée sociale qu'on nous annonçait à haut risque, le mouvement de protestation organisé hier par sept syndicats dans le cadre de la Journée mondiale en faveur du travail décent et contre la précarité est passé totalement inaperçu. Une poignée de manifestants ici ou là, un rassemblement symbolique devant le siège parisien du Medef, quelques opérations escargot sur les routes… On cherche en vain le climat prérévolutionnaire ou l'insurrection populaire que promettaient avec délectation quelques irresponsables au printemps dernier. À peu de chose près, hier fut un jour comme un autre. Et personne, à commencer par les salariés qui se cramponnent à leur emploi, ne s'en plaindra : les difficultés des entreprises sont suffisamment grandes pour qu'on ne les pénalise pas davantage avec des grèves ou des blocages dans les transports.

Malgré le flop de cette journée de mobilisation, la France ne se trouve, bien sûr, pas à l'abri d'une de ces poussées de fièvre sociale dont elle a le secret. Mais le pire n'est jamais certain. D'abord, parce que les manifestations à répétition du printemps dernier ont montré leurs limites. Les Français ont beau craindre pour leur avenir, ils savent que l'on n'arrête pas une crise de cette ampleur avec des défilés. Ensuite, parce qu'ils constatent que le gouvernement n'est pas resté les bras croisés. Parallèlement au plan de relance, de nombreuses mesures ont été prises en faveur des chômeurs, des familles modestes et des jeunes, donnant au passage satisfaction à un certain nombre de demandes des syndicats. À défaut de stopper la crise, ce dispositif a permis d'en atténuer le choc.

Enfin, et c'est peut-être le plus important, parce que les syndicats eux-mêmes se trouvent placés devant leurs responsabilités. Depuis le changement des règles sur la représentativité, qui leur impose d'atteindre 10 % des voix aux élections dans les entreprises pour exister, les voilà sommés de revoir leurs pra­tiques. De tourner le dos à la «gréviculture», à ces mouvements décidés entre soi dans les états-majors parisiens, pour redécouvrir la réalité du terrain dans les entreprises. Hier, il fallait se frotter les oreilles pour être sûr d'avoir bien entendu les principaux leaders demander à leurs troupes d'accepter que «l'action syndicale ne se traduise pas toujours par des manifestations» ou les appeler à trouver des formes plus originales de mobilisation. Si un renouveau du dialogue social s'installait dans le pays, la France n'aurait pas tout perdu avec la crise.

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