TOUT EST DIT

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dimanche 18 octobre 2009

Ne tirez plus sur Monsieur Lombard!

Quoi qu’il fasse, quelque attitude qu’il adopte, il n’y arrivera plus très longtemps. Il porte un poids devenu trop lourd.
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Les images sont impitoyables. A la télévision jeudi, Didier Lombard, le tout-puissant patron de France Télécom, était à bout. On craignait presque pour lui. Cet homme transpirant face aux manifestants révoltés par la disparition de leur collègue a du mal à trouver les mots justes. Il refuse de prolonger sa visite à Lannion le lendemain, comme on l’y invite. Même avec les meilleurs conseillers en communication, il est difficile de faire face au drame absolu.

Sic transit… Il y a un tout juste un an, Didier Lombard était lauréat des BFM Awards décernés par BFM et La Tribune pour sa stratégie. Chacun louait le sens visionnaire exceptionnel de l’X-Télécom, un des meilleurs connaisseurs de l’industrie et des technologies nouvelles. Mais aujourd’hui, il porte le poids de ces vingt-cinq morts qui – ne l’oublions pas – ne seront jamais expliquées.

Le management ne s’apprend pas sur le tard quand on a été chercheur en télécoms, puis haut fonctionnaire à la direction des stratégies industrielles. Le père Joseph de Thierry Breton soudainement propulsé au sommet. Mais une société aussi complexe que France Télécom ne se dirige pas avec la seule intelligence. Lombard avait trop délégué le social.

Depuis l’été, l’emballement — un mort et deux tentatives rien que cette semaine — met à nu l’incroyable archaïsme du management de France Télécom. Des ingénieurs à qui on a voulu faire trop aimer les chiffres. Un système hypercentralisé. Une obsession des réductions d’effectifs. En réalité, on a pérennisé des mesures de survie prises en 2002 quand l’entreprise était au bord du dépôt de bilan.

Alors que faire? Comme souvent, il faut à la fois aller vite et se donner du temps. La révolution d’organisation va s’accélérer après des élections syndicales (la semaine prochaine) : la compétition empêche tout dialogue serein. Stéphane Richard, le numéro deux, détricote ce qui avait été mis en place. "Un salarié malheureux ne crée pas de valeur". L’homme veut aller vite, comme il nous l’a dit la semaine passée. Des fermetures de sites sont suspendues, comme à Cahors lundi dernier. Il va sans doute accélérer la grande négociation sociale pour en faire un Grenelle du stress.

Ce qui se passe à France Télécom aura des conséquences dans toutes les entreprises françaises. Chaque patron va se doter d’indicateurs de satisfaction au travail et les surveiller. Mais il faudra du temps pour que tout change en profondeur. En matière d’hommes, "le temps n’épargne pas ce que l’on fait sans lui".
Olivier Jay

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