TOUT EST DIT

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samedi 24 octobre 2009

Marine Le Pen tente de redonner une voix au FN

Le Front national peut-il tirer profit des difficultés actuelles de Nicolas Sarkozy ? A cinq mois des élections régionales, sa vice-présidente, Marine Le Pen, multiplie les interventions médiatiques. C'est elle qui a lancé, début octobre à la télévision, la polémique sur le livre La Mauvaise Vie, écrit par Frédéric Mitterrand, avant qu'il ne devienne ministre de la culture.
Elle, encore, qui a surfé sur le tollé suscité par l'annonce de la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public de la Défense (EPAD), avant que ce dernier ne fasse machine arrière. Son père, Jean-Marie Le Pen, tête de liste en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), et qui mène probablement là sa dernière bataille électorale, apparaît désormais plus en retrait. Depuis le bon score (47,62 %) réalisé par le FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où elle avait mené la campagne, en juillet, Marine Le Pen cherche à s'affirmer.

En cette rentrée, elle est convaincue qu'une brèche s'est ouverte. Elle dénonce un "gouffre entre les élites et le peuple" et axe ses interventions médiatiques sur les valeurs de la droite. Elle se défend de "toute stratégie électoraliste " et assure n'avoir agi que par "indignation" et "spontanément". Son ambition est pourtant bien de récupérer les électeurs FN passés dans le giron sarkozyste en 2007. "Les polémiques doivent être décantées. Le premier réflexe quand on vous annonce un cancer, c'est de détester le médecin. A terme, ça peut ouvrir les yeux aux Français."

Les sondeurs regardent le phénomène avec circonspection. "Marine Le Pen a créé un buzz incroyable, elle a lancé l'affaire Mitterrand, ç'a été un bon coup pour le FN, estime Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique à l'IFOP. Mais le FN est-il pour autant de retour dans le paysage politique ? Le parti n'est pas vaillant lors des élections. Dans certaines partielles, il ne se présente même pas. Et en PACA, une région phare, une étude préélectorale a montré que M. Le Pen obtiendrait entre 10 % et 11 % lors des régionales, on est loin des scores précédents."

Spécialiste de l'extrême droite, le politologue Jean-Yves Camus partage cette opinion : "Il semble que le FN n'ait plus de prise sur les déçus du sarkozysme. Ces derniers choisissent plutôt de s'abstenir." Une analyse partagée par Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion de l'institut CSA. "Actuellement, c'est la pratique politique qui choque. On a l'impression d'avoir affaire à un pouvoir qui fonctionne en autarcie et avec un sentiment d'impunité. Mais l'opinion déboussolée est plutôt tentée par l'abstention que par le vote FN."

Les difficultés du Front à rebondir tiennent aussi au fait que tous les thèmes sur lesquels ce parti est crédible parmi l'électorat de droite - immigration et sécurité - sont exploités par l'UMP. "Le parti majoritaire et l'exécutif adressent des piqûres de rappel dans le domaine de l'immigration ou de la sécurité pour éviter de créer un espace à sa droite, affirme M. Dabi. Les préoccupations des Français sont extrêmement indexées sur l'économie, le social, et ce ne sont pas des thèmes sur lesquels le FN apparaît audible."

Le FN mise sur quelques régions phares comme le Nord-Pas-de-Calais, PACA, ou Rhône-Alpes - où Bruno Gollnisch est tête de liste -, pour démontrer qu'un rebond est possible, alors que le parti a réalisé de mauvais résultats aux législatives de 2007 (4,29 % des suffrages exprimés) et un score en demi-teinte aux européennes de juin (3 élus et 6,34 % des voix). "On a vu la capacité de Marine Le Pen, notamment à Hénin-Beaumont, à rassembler derrière son nom une partie importante de la droite", rappelle M. Lévy. Les différentes polémiques qu'elle a lancées et entretenues pourraient attirer vers le FN une partie de ses électeurs perdus, mais à une condition : "Si on y voit une issue politique et si l'on pense que ça peut devenir une menace", précise-t-il.

"Porte-parole officieux du FN" de son propre aveu, Marine Le Pen joue en tout cas une partie importante dans la perspective du congrès du parti, prévu pour le printemps 2011. Incarnant de plus en plus son parti, elle espère marquer des points décisifs aux régionales.

A contrario, une contre-performance de sa part l'affaiblirait. "Le risque pour Mme Le Pen, analyse M. Camus, est d'arriver à la passation de pouvoir sur une défaite alors qu'elle aura porté médiatiquement le parti pendant la campagne."
Abel Mestre

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