TOUT EST DIT

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jeudi 8 octobre 2009

Guéant entre les lignes

INTERVIEW - Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant souhaite par ailleurs que le chef de l'Etat se représente en 2012.

La majorité renâcle sur divers projets. Cela vous inquiète-t-il ?

Le président l'a dit à plusieurs reprises, il ne souhaite pas une armée de godillots. Il trouve profondément sain qu'il y ait du débat dans la majorité. Cela étant, jamais les voix de la majorité n'ont manqué au gouvernement.

Quelles sont les leçons de la législative partielle de Rambouillet ?

La première, c'est que la candidate socialiste était absente du second tour. La deuxième, c'est que si le candidat UMP s'était affiché davantage comme celui de la majorité, cela aurait affermi sa position.

Nicolas Sarkozy reçoit Cécile Duflot, Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno vont chez les Verts. Certains dans la majorité craignent que cela fasse le jeu des écolos.

Le président ne cherche pas à rallier les Verts. Il exprime des convictions profondes dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Nous avons avec les Verts des convergences sur certains points. Mais aussi des divergences sur le nucléaire ou la décroissance. Nous, nous voulons la croissance qui permet le progrès et l'amélioration du bien-être social. Nous n'avons pas la même idéologie.

Plusieurs ministres sont réticents à s'engager pour les régionales…

La campagne n'a pas commencé. C'est le 28 novembre que les têtes de liste régionales seront désignées par le conseil national de l'UMP. Le président a souhaité que les ministres qui seraient élus président de région quittent le gouvernement pour exercer leur fonction. Hubert Falco s'est retiré parce qu'il souhaite rester à Toulon. Il est vrai que son retrait a déçu. Quant à Roselyne Bachelot, elle porte deux dossiers majeurs, la grippe H1N1 et la mise en œuvre de la réforme hospitalière. Elle estime que c'est son devoir de continuer. Son retrait est acté en Pays de la Loire.

Quel est le calendrier de la réforme territoriale ?

Il y a eu un très intense travail de préparation avec le comité Balladur et les groupes de réflexion à l'Assemblée et au Sénat. Le projet arrive à maturation. Il vient d'être transmis au Conseil d'État, il sera examiné le 21 octobre en Conseil des ministres et présenté le 14 décembre au Sénat.

Quel est le mode de scrutin retenu pour l'élection des conseillers territoriaux ?

Un projet de loi sera présenté en même temps que le texte sur la réforme territoriale. Ce sera un scrutin uninominal à un tour pour 80 % des conseillers territoriaux. Les 20 % restants seront élus au scrutin proportionnel.

Jean-Pierre Raffarin suggère d'étendre ce système aux législatives pour régler le problème de deuxième tour de l'UMP ?

Il n'y a pas de projet d'étendre ce système à d'autres élections. Ce n'est pas du tout à l'ordre du jour aujourd'hui. Y a-t-il un problème de deuxième tour ? Le président est convaincu que ce qui compte c'est la dynamique du premier.

Que vous inspire
l'accrochage entre Christian Blanc et le premier ministre ?

Ce qui est anormal, c'est que la lettre du secrétaire d'État ait fuité. Le ton était peut-être un peu vif. Mais j'ai préparé beaucoup d'arbitrages interministériels dans ma carrière et j'ai toujours vu des ministres écrire pour demander que l'on modifie un projet de loi. Cette affaire a été dramatisée de façon excessive.

François Fillon est-il sur le départ ?

En ce qui concerne le président de la République, c'est clair, François Fillon n'est pas partant. Le président considère que leur collaboration fonctionne bien. Cette question n'est absolument pas à l'ordre du jour.

Le jour où il quittera Matignon, a-t-il vocation à exercer un poste européen, président du Conseil européen ou Haut représentant pour les affaires étrangères ?

C'est absurde ! Les nominations vont se faire en novembre. Les contacts sont déjà en cours entre chefs d'État et de gouvernement. Il n'y a de ce fait aucune perspective européenne pour François Fillon à court terme.

Pour le poste de Haut représentant, circulent les noms de Bernard Kouchner, Hubert Védrine et Michel Barnier. Quel est le candidat de la France ?

Ce n'est un secret pour personne que la France proposera Michel Barnier comme commissaire européen. Reste à savoir à quelle fonction.

L'ouverture est critiquée dans la majorité. Est-elle toujours d'actualité ?

Le président n'a pas l'intention de former un gouvernement de gauche. Mais il trouve sain d'avoir des personnalités d'autres horizons. Il ne s'agit pas d'augmenter le nombre de personnalités d'ouverture, mais de le maintenir. Avec les mêmes ou avec d'autres.

Quand Frédéric Mitterrand vole au secours de Roman Polanski, ne croyez-vous pas que la droite perd ses repères ?

C'étaient ses mots à lui, il a sa sensibilité, et il est ministre de la Culture. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a dit les choses différemment. Chacun sait que les faits qui sont reprochés à Polanski sont évidemment condamnables. C'est à la justice américaine de décider.

Vous rentrez de Syrie avec Jean-David Lévitte. N'est-ce pas une mise sur la touche de Bernard Kouchner ?

Certains chefs d'État préfèrent voir des proches du président parce qu'ils veulent passer directement certains messages. Mais avec Bernard Kouchner, nous nous voyons tout le temps et toutes nos démarches sont complémentaires. Il n'y a qu'une seule politique, celle du président. Ensuite on se partage le travail.

A Pittsburgh, Nicolas Sarkozy a été le seul à réclamer des «sanctions» contre l'Iran. Que recouvre ce terme ? S'agit-il de représailles militaires ?

Il y a des négociations en cours à Genève. Nous espérons tous qu'elles pourront se conclure positivement. Il faut que l'on puisse avoir la garantie que l'Iran ne développe pas sa capacité nucléaire militaire. Si les négociations n'aboutissent pas, il faut tout faire pour éviter la guerre, et notamment une initiative de bombardements décidée par Israël. Pour éviter une escalade dangereuse, le président pense qu'il y a encore un palier à franchir dans le degré des sanctions économiques contre l'Iran. Il n'est pas question de sanctions militaires. Il est possible d'aller plus loin dans la restriction des flux financiers, ou l'interdiction des exportations de produits sensibles.

Dans l'affaire Clearstream, Nicolas Sarkozy n'aurait-il pas dû retirer sa constitution de partie civile ?

C'est le genre de faux débat qui détourne de l'essentiel, qui est de savoir la vérité sur quelque chose d'extrêmement grave. Ce n'est pas une affaire personnelle, c'est une affaire de moralité publique. Le président n'a qu'un objectif : savoir ce qui s'est passé. Comme on dit dans la police, on a «monté un turbin» pour détruire un certain nombre de personnalités, dont lui-même. Ce sont des mœurs intolérables.

Le président n'a-t-il pas eu tort d'employer le mot «coupables» ?

Les gens qui comparaissent ont été renvoyés par le juge d'instruction. En général, les coupables figurent parmi ceux qui sont présentés par les juges.

Souhaitez-vous que Nicolas Sarkozy soit à nouveau candidat en 2012 ?

C'est lui qui décidera le moment venu. A titre personnel, je considère qu'il apporte énormément à ce pays et que ce serait bien qu'il poursuive son action de réforme et de modernisation de la France.

Avez vous lu le dernier livre de Valéry Giscard d'Estaing ?

Non je n'ai plus le temps de lire.

Lirez-vous les mémoires de Jacques Chirac ?

Je suis davantage tenté…

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