TOUT EST DIT

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jeudi 10 juillet 2014

Un gouvernement d'apprentis

Le Premier ministre annonce l'instauration d'une prime à l'apprentissage... que le pouvoir venait de supprimer. C'est peut-être le gouvernement qui aurait besoin d'une formation express sur le terrain.


Dans son discours de clôture de la conférence sociale, qui s'est tenue les 7 et 8 juillet au palais d'Iéna, Manuel Valls a annoncé une série de mesures en faveur de l'apprentissage. La plus spectaculaire ? Une "aide de 1 000 euros par apprenti, dans les secteurs professionnels qui ont signé un accord". C'est une bonne idée, alors que le nombre de nouveaux contrats d'apprentissage a baissé de 8 % en 2013, puis encore de 14 % durant les quatre premiers mois de 2014.
Mais pourquoi, dans ce cas, avoir supprimé cette indemnité dans le projet de loi de finances pour 2014 ? Certes, Manuel Valls n'était pas encore à Matignon, mais il appartenait déjà au gouvernement qui a pris cette mesure. La conférence sociale sert donc à restaurer une disposition qui venait tout juste d'être supprimée. Avant la fin 2013, une prime de 1 000 euros par an était versée à toute entreprise qui embauchait un apprenti. Depuis le 1er janvier 2014, elle est réservée à celles de moins de onze salariés. D'après Manuel Valls, il faut donc revenir au plus vite à la situation antérieure. Il n'y a, dit-on, que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! 
Un pas en avant, un pas en arrière : c'est le même pas de danse qui rythme la mise en place de la loi sur la pénibilité. Une avancée sociale proposée par la CFDT qui a vite paru ingérable : comment évaluer chaque mois pour chaque salarié dix critères qui vont de la chaleur à l'importance des poids soulevés ? Le gouvernement a dû reculer, et reporter une grande partie du dispositif d'au moins un an.

Des baisses d'impôts ! Avec quel argent ?

Des centaines de millions d'euros consacrés à l'emploi des jeunes - notamment à l'apprentissage -, des baisses d'impôts pour la classe moyenne : ce sont les cadeaux que le Premier ministre a sortis de sa hotte pour faire oublier l'échec de la conférence sociale et illustrer sa volonté de réformer. Excellent ! Mais avec quel argent ? La Cour des comptes soulignait récemment que, sur les 50 milliards d'économies prévus pour les trois années à venir, 30, soit plus de la moitié, dont 13 pour le seul budget de l'État, ne correspondent à aucune réduction précise de dépenses. Annoncer des baisses d'impôts dans une telle situation, c'est audacieux. C'est même suspect, si l'on ne dit rien sur la manière de les financer.
Il semble difficile, en effet, de dégager des marges de manoeuvre en l'absence de réforme de l'État. Mais celle-ci patine depuis plus de deux ans. Comme si la période d'apprentissage de Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l'État, n'était toujours pas terminée. Pour faire avancer les dossiers, Manuel Valls a nommé auprès de lui Thierry Mandon, secrétaire d'État chargé de... la Réforme de l'État. Marylise Lebranchu, elle, est toujours là ! Une étrange manière, pour le gouvernement, de s'appliquer à soi-même les règles de simplification et d'économie...
Dans un discours prononcé à Valence en mars 2012, le candidat Hollande avait déclaré : "Un quinquennat n'est pas un stage d'apprentissage." En effet, l'apprentissage permet de progresser tous les jours

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