TOUT EST DIT

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jeudi 19 juin 2014

Nous sommes tous des François Hollande

L’animateur Arthur a eu raison de partir s’installer à Uccle, dans le sud de Bruxelles. Résister, c’est partir. Si j’avais un peu de courage, je quitterais la France moi aussi. Un exil qui n’aurait rien de fiscal, ça aurait de la gueule. Hélas, je suis un pleutre. Un petit parvenu sans envergure. Bourgeoisement installé dans ses habitudes ordinaires : mes dix kilomètres en courant le dimanche matin, mon abonnement à BeIn Sports pour la Coupe du monde au Brésil. Mes amis, mes amours, mes emmerdes… Une vie de renoncements et de rituels idiots auxquels je me suis attaché. En juillet, deux semaines sur le bassin d’Arcachon. En août, quelques jours dans le Gers. Je ne suis pas le Che Guevara de la droite…
Cependant, pourquoi rendrais-je Hollande responsable de mon existence minable ? Le pauvre homme n’est ni meilleur ni pire que moi. Il ne vous aura pas échappé que le Français normal que je suis est à l’image de son président normal. Hollande, c’est la face émergée de notre médiocrité collective. Et je parie que le successeur que nous lui choisirons en 2017 sera du même tonneau que lui et moi : lâche et nul.
Le problème de la France, c’est les Français. Nous sommes devenus un peuple de fond de tiroir (le quadragénaire français est le moins instruit d’Europe). Et un peuple de beaufs (nous sommes les plus gros consommateurs de McDo au monde après les Américains).
Hollande est moyen. Vous êtes moyen. Je suis moyen. C’est comme ça ! Dans l’ADN français, il n’y a plus un seul chromosome de Du Guesclin ou de Clemenceau. Nous ne sommes plus des conquérants, des héros, des résistants. Et ne me parlez pas de ces José Bové de comptoir qui passent leurs soirées à beugler contre Bruxelles et la mondialisation. Ce sont des contrefaçons. Nos héros sont morts et enterrés. Sans descendance. Et s’ils réapparaissaient demain, ils demanderaient à être déchus de la nationalité française. Ou ils s’exileraient, comme 250 000 Français ces cinq dernières années.
Vous entendez ces idioptimistes : « Bah, la France finira bien par toucher le fond, alors elle repartira. » Alourdis par nos bourrelets idéologiques, aveuglés par une inquiétante immaturité politique, nous croyons dur comme fer que l’élu de 2017 nous rendra nos Trente Glorieuses. « Revêtons nos préjugés, ils nous tiennent chaud », écrivait Barrès.
En fait, si nous sommes en train de couler démocratiquement, c’est parce que nous sommes tous des François Hollande. Et nous ne méritons pas d’autre avenir que celui que nous tricote ce président qui nous ressemble tant.

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