TOUT EST DIT

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jeudi 22 mai 2014

Sarkozy au "Point" : "Nous devons être européens et français"

L'ancien président de la République publie cette semaine une longue tribune sur l'Europe. Une déclaration d'amour vigilante, exigeante et lucide. 

Cela commence par : "D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français." Pour se finir par : "Ne laissons pas détruire, ni aujourd'hui ni demain, ce trésor !" Entre ces deux phrases : plus de 16 000 signes d'un vibrant plaidoyer de six pages pour l'Europe ponctué de propositions concrètes et de positions affirmées.
À trois jours des européennes, Nicolas Sarkozy appelle à une rénovation en profondeur de l'UE, garante d'"un modèle de civilisation" et s'appuyant sur "une grande zone économique franco-allemande" et la sortie de l'actuel Schengen, dans une tribune publiée jeudi dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt. Dans cette tribune résolument pro-européenne, écrite alors que l'UMP pourrait être dépassée, dimanche, par le Front national, l'ancien président analyse la situation actuelle de l'UE, source d'"exaspération" et de "colères" chez les Français qu'il dit comprendre.

Mais "ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle", veut-il rassurer les Français, nombreux à être réticents envers Bruxelles et sa bureaucratie, comme le montrent les sondages. "Nous devons être européens et français", plaide-t-il. Dans cette tribune, pas d'appel à voter pour l'UMP, dont le nom n'est pas mentionné. Nicolas Sarkozy propose des solutions pour corriger les "erreurs" du fonctionnement actuel de l'Union. "Nous devons profondément refonder notre politique européenne", affirme-t-il.

"Absence de leadership"

L'ancien président, qui s'était efforcé, durant son quinquennat, de faire du couple franco-allemand le "moteur" de l'UE (d'où le surnom de "Merkozy" qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel), défend "la création d'une grande zone économique franco-allemande". Dans une pique à son successeur François Hollande, dont il ne cite pas le nom non plus, il dénonce "l'absence de leadership" actuelle qui "met l'Europe en danger". Cette grande zone "nous permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux", et "nous permettra ensuite de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire", affirme l'ancien président. Il souhaite également "plus d'intégration" pour les 18 pays de la zone euro.
Alors que l'étendue des pouvoirs dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée aussi bien à droite qu'à gauche, Nicolas Sarkozy veut supprimer "pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires". Celles-ci "devront demain être assumées par les États nationaux, et en regroupant les compétences de l'Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l'industrie, l'agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l'énergie, la recherche...", écrit-il, alors qu'il n'avait jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Élysée.

"Suspendre Schengen I"

Face à "l'échec sans appel" de "la question essentielle des flux migratoires" - dont le Front national a fait son cheval de bataille -, Nicolas Sarkozy veut "suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration". "C'est une évidence", dit-il. "Ainsi serait-il mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l'espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses. [...] Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser", met-il en garde.
L'annonce de la tribune de l'ancien président a été diversement appréciée à l'UMP, qui a tenu mercredi un grand meeting national dans le cadre de sa campagne pour les élections de dimanche. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !" a lancé le patron du parti Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting. C'est une tribune "utile au débat", a affirmé de son côté Laurent Wauquiez, qui s'est attiré les foudres d'une partie des dirigeants UMP pour son euroscepticisme assumé. "C'est utile", mais "cela paraît ne pas mériter plus de commentaires [...] Ce n'est pas l'événement central de la campagne", a lâché François Fillon, son ancien Premier ministre.

Voici quelques-unes des prises de position de Nicolas Sarkozy dans Le Point :
- "L'Europe nous protège des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent."
- "Il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration."
- "Nous devons cesser de croire au mythe de l'égalité des droits et des responsabilités entre tous les pays membres."
- "L'absence de leadership met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité."
- "La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen, c'est à lui et à lui seul de légiférer."....

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