TOUT EST DIT

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jeudi 1 mai 2014

Plan de rigueur. Ils ont voté… Et après ?

Plan de rigueur. Ils ont voté… Et après ?


265 voix pour, 232 contre, 67 abstentions dont celles, tout de même, de 41 députés socialistes
Comme nous l’avions prévu, les députés PS, après quinze jours de psychodrame, ont finalement approuvé, avec une majorité relative et certes plutôt parcimonieuse, le plan d’économie de 50 milliards d’euros soumis par le Premier ministre à l’Assemblée nationale, mardi 29 avril. Fin du suspens un peu factice qu’ils entretenaient habilement depuis quinze jours. « Ça va péter », annonçaient certains élus socialistes d’un air bravache. Mais la grenade annoncée s’est transformée, au moment du vote, en un pétard de 14 Juillet. Avec tout de même, dans les rangs du PS, 41 abstentions. Un caillou dans la chaussure de Manuel Valls qui risque de faire boiter le Premier ministre de sa jambe gauche.
Mardi après midi ce dernier, reprenant, poursuivant et amplifiant le ton mélodramatique qui régnait ces derniers jours entre l’exécutif et sa majorité, avait dramatisé à l’excès son discours. « Je vous parle avec mon cœur, avec mes tripes ! » Mais devant un hémicycle à demi vide, ce qui donnait encore plus de résonance à ses vigoureux propos, beaucoup de députés socialistes ayant choisi de rejoindre leurs pupitres avec un temps de retard visiblement calculé. Un discours commencé par une vibrante et solennelle déclaration :« Le vote d’aujourd’hui est un instant de vérité. Ce n’est pas un vote indicatif, c’est un vote décisif. » Et conclu, une demi-heure plus tard, sur une anaphore – mode oratoire décidément à la mode chez les socialistes – fougueuse mais plutôt grandiloquente : « J’assume, oui j’assume le choix qui est fait, j’assume, car c’est le choix de la cohérence, du courage, j’assume, car c’est le choix de la croissance et de l’emploi. (…) J’assume, car c’est le choix de la confiance. » Il assume mais, comme me le suggère Alain Sanders, il assomme également beaucoup. Notamment les classes moyennes qui devront « assumer » elles aussi l’essentiel des efforts demandés. « C’est la crédibilité de la France qui est en cause. (…) La France est en train de décrocher, nous sommes là pour la redresser. » Y a-t-il une barre à mine dans la boîte à outils de François Hollande ? Un discours à la tonalité, en fait, très sarkoziste, reprenant plusieurs thèmes chers à l’ancien président. Et Valls, défiant les élus de gauche, de les exhorter : « Ce n’est pas à la droite de faire la majorité. C’est à vous de faire cette majorité. » Ils l’ont faite, mais d’extrême justesse. Sur le fil du rasoir…
Avec 205 votes contre (192 UMP, 7 centristes de l’UDI, 6 non inscrits), 21 abstentions (17 UDI, 3 UMP et un non inscrit) et 4 votes pour (3 UDI et un UMP, en l’occurrence Frédéric Lefebvre, l’ancien snipper de Nicolas Sarkozy reconvertit façon peace and love dans le consensuel mièvre), la droite s’est certes divisée. Mais la gauche bien plus encore. Avec des conséquences beaucoup plus graves pour elle : 261 votes pour (242 PS, 13 radicaux de gauche, 3 écologistes, 2 apparentés communistes et un non inscrit), 46 abstentions(41 PS, 2 écologistes, 2 radicaux et un apparenté communiste) et 28 votes contre (13 communistes, 12 écologistes, 3 chevènementistes). Question : les écologistes sont-ils encore dans la majorité ? Avec des amis comme eux, c’est sûr, Manuel Valls n’a pas besoin d’ennemis. Ceux de son propre parti devraient lui suffire…

Contestataires, mais pas trop !

L’abstention socialiste, que certains au PS annonçaient « massive », s’est donc émoussée au fil des heures. Sans doute sous le double effet de quelques concessions bidons de Manuel Valls et les menaces encore plus convaincantes de Jean-Christophe Cambadélis. La semaine dernière, ils étaient une centaine de parlementaires PS à demander la limitation des efforts réclamés par le plan de 50 milliards d’euros d’économie proposé par Manuel Valls. Efforts provenant de l’Etat (18 milliards), des collectivités locales (11 milliards) et de la protection sociale (10 milliards). Onze milliards restant à trouver sous les sabots d’on ne sait quel cheval. Quel canasson fourbu ?
Combien de frondeurs maintiendraient-ils jusqu’au bout leur protestation ? Hollande, qui connaît bien ses troupes pour les avoir dirigées durant onze années, avait rassuré son Premier ministre. « Ils râlent mais ils éviteront la scission du groupe ou la dissolution. Ils ne lâcheront jamais leurs indemnités. » Une vision plutôt terre à terre des élus socialistes, dont l’intérêt personnel passerait, selon le président de la République, avant leurs convictions… Mais qui au final, s’est révélée assez juste.
Lundi encore, un ténor de la majorité roucoulait avec une fatuité lyrique : « Le marais socialiste a mal au cœur. (…) On nous demande le vote le plus difficile du quinquennat et tout ce qu’on entend venir de l’Elysée, c’est le cliquetis des brosses à cirage. » Pas reluisant, en effet. En tout cas le marais socialiste, qui ne pardonne pas à François Hollande la défaite des municipales, a quelque peu ravalé ses aigreurs et ses spasmes d’indignation. L’exécutif donne peut-être « mal au cœur » aux coassants amphibiens du marais socialiste mais pas au point que ceux-ci, comme le pronostiquait François Hollande, vomissent leurs mandats. Et leurs indemnités…

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