TOUT EST DIT

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mercredi 30 avril 2014

Soutien conditionnel à Manuel Valls : l’erreur de l’UDI


Dans une volonté d’apparaître non pas comme une opposition de base, mais une opposition constructive, l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo a décidé de voter le pacte de responsabilité de Manuel Valls à deux conditions :
  • assortir le coup de « rabot financier » du plan Valls à une série de réformes structurelles plus ambitieuses, « par exemple en appliquant dès 2015 la réforme des retraites fixant l’âge légal de départ à 62 ans » ;
  • l’accélération des baisses de charges et des impôts pour les entreprises.
Même si les conditions fixées par l’UDI vont dans le bon sens, ce soutien conditionnel du centre droit à Manuel Valls, le Premier ministre d’un gouvernement socialiste et fier de l’être, est une triple erreur.
D’une part, la proposition de Manuel Valls est insuffisante, tant quantitativement que qualitativement. Comme le rappelle le Parti Libéral Démocrate, pour Valls, il n’est pas question de diminuer le montant des prestations sociales et il n’est pas question de revenir sur la création de postes dans la fonction publique : les postes d’enseignants (60.000 en 5 ans) seront créés. Manuel Valls a beau être un peu moins dogmatique que Christian Eckert, Karine Berger ou Yann Galut, il n’en reste pas moins un socialiste qui veut « sauver le système de protection sociale à la française ». On est donc à des années lumières de la révolution thatchérienne qui, rappelons-le, a sauvé le Royaume-Uni de la faillite totale au début des années 80. Soyons clairs : l’UDI a publié fort à propos un contre-pacte, prévoyant d’économiser non pas 50 milliards d’euros comme propose Valls, mais 80. Le contre-pacte de l’UDI va dans le bon sens mais c’est un plancher. On sait, notamment grâce à l’iFRAP, qu’on pourrait économiser non pas 50 milliards d’ici à 2020, mais 50 milliards par an, de manière récurrente !
D’autre part, la démarche conciliante de l’UDI s’inscrit dans la bonne volonté coopératrice que les centristes s’attachent à mettre en œuvre à Bruxelles, au niveau européen. Seulement, ici, c’est la France, un régime politique réglementé par les règles de la majorité. Combien de fois Manuel Valls, lors des questions au gouvernement, lorsqu’il était le désastreux ministre de l’Intérieur que l’on connait, a clairement fait comprendre à l’opposition UMP-UDI qu’ils n’étaient pas au pouvoir et qu’ils n’avaient qu’à la fermer ? Combien de fois Manuel Valls a-t-il insulté, au sens propre du terme, l’opposition et tous ceux qui ne pensent pas comme le PS ? C’est tout à l’honneur de l’UDI, héritière de la démocratie chrétienne, que de ne pas rompre le dialogue avec la majorité socialiste et franc-maçonne, mais que les élus centristes gardent à l’esprit que l’introduction de la proportionnelle pour les élections législatives, une promesse du candidat Hollande, n’est plus à l’ordre du jour.
Enfin, c’est encore une fois à l’honneur de l’UDI de pallier l’incompétence de la majorité, mais la vérité est qu’au-delà de l’état objectif du pays, ce dernier est aggravé par la présence du Parti socialiste au pouvoir. Une sage décision serait de laisser couler le PS et tout ce qui s’y rattache. Comment tendre la main à des gens qui, depuis deux ans, ne cessent de répéter, en questions au gouvernement notamment, que leurs échecs sur le chômage ou sur la dette publique et les déficits sont uniquement dus à la politique de Sarkozy ? L’UDI a la légitimité pour demander que le PS qui, malgré les municipales, détient encore quasiment tous les pouvoirs en France (Élysée, Matignon, Intérieur, Affaires étrangères, villes de Paris, Lille, Nantes et Lyon, majorité de départements et de régions, etc.), fasse le ménage. Comment se fait-il que tant d’affaires de corruption éclatent sans que personne ne dise rien ? Comment est-ce possible que Manuel Valls puisse dire tout et son contraire sans que personne ne réagisse ? Pourquoi laisse-t-on le pouvoir à des gens manifestement incapables d’être cohérents et consistants avec eux-mêmes ?
L’UDI ferait mieux de proposer à Manuel Valls de démissionner du PS, de faire amende honorable sur la répression de la Manif pour Tous ou les événements du Trocadero et de dénoncer les extrémistes de gauche autant que ceux de droite. Après examen de son attachement sincère au libéralisme, au principe de subsidiarité, à la décentralisation et au fédéralisme européen ainsi qu’à l’équilibre entre pouvoirs, l’UDI pourrait proposer une adhésion à Manuel Valls.
Comme cela n’arrivera pas, le plus simple est que l’UDI demande à François Hollande de démissionner et de provoquer des législatives anticipées après dissolution car, in fine, un des problèmes de la France, c’est bien son Président de la République.

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