TOUT EST DIT

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vendredi 25 avril 2014

Hollande: "La dissolution, dernière carte d'un roi aux abois"


Alors que le roi est toujours dans de sales draps, notre contributeur Hervé Karleskind revient sur la question de la dissolution de la Chambre, la dernière pierre de l'édifice qu'est la Cour, sous la plume de la marquise de Sévigné. 


Ha! Ma chère et tendre, il s'en passe de belles en cette Cour. Ne mande-t-on pas que le roi a passé de tristes fêtes de Pâques. Il a du, ainsi que vous le savez, se séparer de son ange noir, Monsieur de Morelle; et le voici perdu, errant comme une âme en peine, nimbé de mélancolie, contemplant de son regard chassieux les jardins déserts du Château, n'ayant plus le goût de rien, pas même du chocolat. 

"La vérité, nous souffle Artois qui a toujours ses petites entrées, est que le Flou ne sait quel saint prier pour l'aider à sauver ce qu'il reste de sa judicature. N'est-il pas allé jusqu'à confesser que si le nombre des désoeuvrés ne baissait pas, il renoncerait à la couronne? 
Stupéfiant aveu qui cependant laisse Artois de marbre. "Mensonge, stratagème, boniment de vieille sorcière! Le roi trompe son monde car il sait que, tôt ou tard, le désoeuvrement décroîtra et avant même la fin de son règne. Ce roi est un tricheur, un imposteur, pesta Artois en ce lundi de Pâques. 
"Jamais il n'abdiquera, jamais il ne renoncera, car il lui reste le pouvoir, cette épée de Damoclès qui pend comme jambon sur la tête des parlementaires, ce pouvoir de dissoudre la Chambre basse et donc de contraindre ses adversaires de gouverner et ainsi de réparer les dégâts, les errements, les échecs de sa politique ". 
Artois, très en verve, de poursuivre: "Il en rêve, il rêve éveillé de voir Copé de Meaux à la place du comte Valls de Catalogne! Il connaîtrait enfin les savoureux délices de la paix, de la sérénité, et le loisir de s'arroger toutes les bonnes nouvelles, laissant à son Grand chambellan du moment la tâche ô combien ingrate d'écoper les mauvaises". 
"Dans le moment, il est à peu de choses près condamné à faire voeu de silence, à faire le gros dos. Il est à bout de souffle, il ne dort plus, consent un oeil dédaigneux et oblique aux gens de sa petite Cour, pressés de chanter, déclamer, réciter, corner à l'envi que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". 
Au moment du souper où l'on présenta les légumes, selon la dernière mode qui commande de ne plus les mépriser, une jeune gazetière plutôt délurée interpella le comte en ces termes: 
-Mais, comte, le roi se doit d'affronter encore de biens mauvaises nouvelles: les parlementaires sans culottes sont au bord de la sédition et menacent de ne point ratifier ses édits au motif qu'ils trahissent leur maudite doxa. 
"Par le Ciel, qui ose ainsi venir à me contredire", siffla Artois, peu coutumier de s'entendre ainsi contesté par une oie si écervelée. 
-Ce n'est que ma modeste personne, Monsieur, souffla la jeune gazetière au teint empourpré de son insolence. 
"Si fait, je ne suis ni sourd ni aveugle: je suis simplement peu rompu à ces nouvelles règles d'une étiquette qui m'échappe. Mais, Madame, votre grâce et votre charme vous valent absolution". Aussi vous répondrai-je comme il se doit. Le lourd nuage qui s'était appesanti sur le souper s'évanouit alors comme par enchantement. 
-A la Diète de Strasbourg, s'enhardit la jeune courtisane nullement éhontée ni même chavirée de son impertinence, le Flou va subir une nouvelle défaite qui ne manquera pas faire la fortune de la Marinella
"C'est précisément le voeu du roi! Tout fait ventre pour affaiblir le comte Valls! Escomptez qu'avant peu, le Flou saura lui faire porter le poids de la défaite. Tout ainsi qu'il le rendra responsable del'effilochage de sa majorité qui, à présent, part en quenouille! Ne croyez pas un instant, chère enfant, que le Flou se désole, que ne devrais-je dire le Filou, se désole donc de la déréliction du royaume! Il en fait même son miel, prêt à spéculer comme un banquier sans scrupule aucun. 
-Comment cela est-il possible? Peut-on croire que le roi subisse un tel calvaire à des fins de conserver son pouvoir et ainsi faire preuve d'un cynisme sans aucune faille? 
Artois, embéguiné de sa jeune convive, émoustillé tel un gentilhomme prêt à déclamer son madrigal, dédaigna les légumes qu'il abhorrait, écarta d'un revers agacé le gigot pascal qui lui était présenté, se prit alors de boire du champagne, son breuvage favori, comme pour reprendre son souffle. 
"Or donc, Madame, ce roi n'est point de la race de ses pairs: c'estun médiocre, un fat, un fourbe; non que la fourberie soit un défaut chez un monarque. Mais la médiocrité est un irrémissible péché", tonna Artois, qui avait, grâce aux vertus du champagne, fendu l'armure de son éducation de gentilhomme, au point de faire vaciller la flamme des candélabres et trembler coupes et couverts. 
"S'il vient à dissoudre la Chambre basse, ce que tout le monde redoute comme feux de l'Enfer, et notamment son opposition qui serait alors portée aux affaires par une victoire dont elle ne veut à aucun prix dans de telles circonstances, il déchainerait les foudres et prendrait l'énorme risque de ne trouver ligue, parti, coterie qui consentirait à gouverner à ses côtés". 
-Mais que se passerait-il alors? Les convives, stupéfaits, formèrent un choeur pour poser la même question et donc presser le comte de mander l'avenir, telle une chiromancienne du Bois de Meudon. 
"Nous sombrerions alors dans un étrange chaos: le royaume ne serait plus gouverné et la France entrerait en déshérence". 
-Se trouverait-il une âme égarée pour croire d'aussi sombres prédictions, lança la jeune gazetière. 
"Si fait, coupa Artois. Je vous fais grâce de votre si précoce sagacité. Mais la carte de la dissolution de la Chambre est la dernière d'un roi déchu, discrédité, ruiné, moqué, trahi même par son mage". 
-Mais, le comte Valls... 
"Que voulez-vous qu'il fasse, harcelé qu'il se trouve par la meute qui ne rêve que le saigner tel le cerf aux abois. Dans cette grande vénerie, le roi tient sa dague, prête à signifier la curée". 
Ma chère et tendre, quand vint l'heure du dessert, un feuilletage à la façon de La Varenne, le comte, seul, s'abîma dans la goinfrerie.  

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