TOUT EST DIT

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lundi 28 avril 2014

Hollande-Jospin, même combat perdu !

LCP rediffuse le documentaire tourné pendant la campagne présidentielle de Lionel Jospin en 2002. Quand le passé éclaire le présent. Accablant !

François Hollande pris à partie et interpellé à Carmaux c'est un peu comme si Nicolas Sarkozy avait été sifflé à Auteuil ou comme siJosé Bové avait reçu des tomates (celles de Guy Mollet !) sur le plateau du Larzac. Cela est - presque - inimaginable et plonge les experts en sciences politiques dans un abîme de perplexité. Comment un leader politique peut-il être à ce point rejeté par le saint des saints de son électorat ? Depuis le début de la semaine, les téléspectateurs de La Chaîne parlementaire disposent d'une partie de la réponse à cette question sur laquelle le quinquennat deFrançois Hollande est en train de se fracasser...
Le documentaire s'appelle Comme un coup de tonnerre. Il est réalisé par Jérôme Caza, auteur du mythique Les Yeux dans les bleus qui retraçait en 1998 l'épopée de l'équipe de France championne du monde de football. En 2002 il a refait quasiment la même chose en filmant le staff de Lionel Jospin pendant la campagne présidentielle. C'est passionnant et pathétique. Autour du candidat Premier ministre se succèdent Jean Glavany, le directeur de campagne, Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis et même Aquilino Morelle ! Mais aussi Stéphane le Foll, François Rebsamen, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal, François Hollande, alors premier secrétaire du Parti socialiste, ou Ramzi Khiroun. Personne ne parle politique, programme ou préoccupations du peuple, on n'évoque qu'"éléments de langage", image du candidat, sondages, dans le meilleur des cas stratégie de campagne. Pas une idée brillante, pas une analyse pertinente n'émergent de cette plongée de quarante-cinq minutes dans les entrailles du socialisme.

Personne ne voit venir l'iceberg

Quarante-six jours avant le premier tour, tous les participants plastronnent et se voient déjà sous les dorures des ministères. Lorsque quelques leaders tentent de dessiller les optimistes, on les regarde gêné. Pierre Mauroy puis Henri Emmanuelli déplorent que l'on ne parle ni des ouvriers ni des employés ? Silence de mort... Georges Frêche juge le programme trop compliqué et aimerait qu'on en fasse un résumé qui tiendrait sur une page ? On ne se cache même pas pour se moquer de l'histrion Septimanie, Hollande en tête. À moins de deux semaines du jour J, Gérard Le Gall, le monsieur sondages du PS qui jusqu'ici jurait ses grands dieux que Lionel obtiendrait entre 20 et 23 % au premier tour - il obtiendra finalement 16,5 % -, découvre que les courbes se sont dangereusement rapprochées. "Compte tenu de la marge d'erreur Le Pen à 14 % et Lionel à 16,5 %, c'est pareil, finit-il par lâcher." Immédiatement, Jean-Marc Ayrault le rabroue en expliquant qu'utiliser ce raisonnement est "un argument de perdant". Personne ne croit à cette hypothèse. Bref, personne ne comprend rien. Le Titanic a touché l'iceberg, les voies d'eau sont béantes, le paquebot est en train de se coucher, mais l'équipage croit encore dur comme fer que le voyage va bien se passer et se gausse de ceux qui voient clair... Quant au capitaine - Lionel Jospin -, il reste jusqu'au bout sourd et aveugle aux signaux de l'opinion tant il est confit dans ses certitudes.

Les classes moyennes oubliées

Douze ans plus tard, c'est à peu de choses près la même équipe que l'on retrouve autour de François Hollande. Les mêmes mots prononcés causent les mêmes maux. La déconnexion de cette élite-là avec le réel s'est encore accentuée. Les classes moyennes, grandes oubliées en 2002, sont désormais martyrisées. La fondation Terra Nova et François Hollande lui-même ont théorisé que perdre l'électorat ouvrier était non seulement pas grave mais peut-être souhaitable ! Ceux qui ne comprenaient pas la France d'il y a 12 ans sont encore plus largués aujourd'hui. L'amateurisme distrayant et excusable des années 2000 s'est transformé en une dangereuse incompétence. Le maître mot de l'époque consistait à pilonner Jacques Chirac à moquer son âge, à insister sur les affaires et ses promesses non tenues. Sur le fond, rien n'émergeait. Les acteurs ne croyaient pas à leur texte. Ils avaient simplement hâte de devenir metteur en scène. Ils y sont parvenus deux élections présidentielles plus tard en utilisant les mêmes ficelles, c'est-à-dire en pariant sur l'impopularité et les erreurs de l'adversaire sans jamais convaincre sur les idées, le programme, le courage, les réformes, la maîtrise des dossiers, la compétence. Mais pour quelle fin ?

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