TOUT EST DIT

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vendredi 18 avril 2014

Génération com


Recordman de l’impopularité, François Hollande a nommé à Matignon le seul ministre qui jouit d’un consensus au sein de la population, comme s’il en espérait un effet contagieux. C’est un choix fait sous la contrainte. Le président n’a pas l’intention de laisser le pouvoir traverser la Seine et il a tout verrouillé : la composition du gouvernement baptisé “de combat” porte son immatriculation. Mis à part les deux nouveaux, Ségolène et l’ami Rebsamen, il a repris les mêmes. La feuille de route du premier ministre a été balisée dès dimanche soir : le pacte de responsabilité corrigé du pacte de solidarité.
Manuel Valls arrive pour mettre de l’ordre, faire travailler en équipe ce gouvernement resserré. En organisant des réunions du gouvernement deux fois par mois à Matignon, il espère éliminer les couacs, bloquer les initiatives individuelles intempestives. L’absence des Verts va déjà beaucoup l’y aider. La première sortie de Ségolène sur l’écotaxe prouve que le naturel revient au galop. Sauf que Manuel Valls est un autoritaire. On l’a vu sur TF1, le front serré, le regard noir, le ton empreint de gravité. Ça ne rigolait pas ! Même s’il n’a énoncé que des évidences. Un contraste avec Jean-Marc Ayrault, qui exprimait une volonté carrée avec un verbe trop cotonneux. Et, pour la discipline, il avait un côté prof débordé par ses élèves.
Valls, c’est la génération de la com. On attend de lui qu’il explique, fasse la pédagogie de la politique Hollande. C’est le gros ratage du président : trop avare de paroles, il n’a pas su créer de lien avec les Français. Une absence très anxiogène pour le pays. Le 14 janvier, il leur annonçait le pacte de responsabilité : 30 milliards de baisse des charges pour les entreprises, moyennant des contreparties sous forme d’emplois (pour l’instant, aucun engagement…), auquel s’est ajouté dimanche soir le pacte de solidarité pour diminuer les impôts et les cotisations sociales des Français. François Hollande demande à son premier ministre d’aller vite. Il va lui falloir tordre le bras d’une majorité qui s’annonce très rétive.
Il y a aussi le mystère des 50 milliards d’économies sur trois ans. Un effort sans précédent dont on ne sait rien mais avec lequel François Hollande espère amadouer Bruxelles. « Encore une minute, monsieur le bourreau… » Rendant hommage à Jean-Marc Ayrault, le président a osé dire : « Il a rétabli la situation très dégradée dont nous avons hérité. » Gros mensonge. C’est pire, tous les clignotants sont au rouge : dette, déficit, dépenses publiques, malgré une hausse des impôts sans précédent.
Et l’on s’interroge. Comment cela va-t-il fonctionner entre ce président, qui navigue sur une ligne perpétuellement floue, contradictoire et transactionnelle, et ce premier ministre, qui ne supporte que les ordres clairs et précis ?

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