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vendredi 17 janvier 2014

Le péché d'orgueil de M. Hollande

Le péché d'orgueil de M. Hollande


Jusqu'à présent, on était en droit de penser que le quinquennat pépère de M.Hollande ne pourrait passionner, dans l'avenir, qu'un historien plan-plan de troisième zone. Un académicien raseur, expert dans l'art de délayer sa prose sur pas grand-chose. Mme Duflot, par exemple.
La séquence des quinze derniers jours est, en revanche, si bouillonnante et si romanesque qu'elle aurait forcément inspiré des chapitres croquignolets au duc de Saint-Simon, chroniqueur du siècle de Louis XIV. Il y a dans ce charivari tout ce qu'aimait notre mémorialiste national, des polissonneries aux coups de théâtre politiques.
Le hollandisme va-t-il enfin sortir de la morne plaine pour entrer dans l'ère de l'épopée ? Rien ne permet encore de le dire, mais, devant le spectacle donné par le pouvoir ces derniers temps, la France est tombée de haut. Elle a perdu son latin, ses petits, ses repères : tout le monde a compris que le régime est aujourd'hui à un tournant paroxystique.
Le nouveau Hollande est arrivé et, apparemment, tout a changé, la politique économique, la vie privée et même le personnage du président, sur lequel on ne peut plus porter le même regard. Au sommet de l'État, il y a comme un bruit de déménagement. Un climat de liquidation générale et de grand nettoyage d'été, même si nous sommes en hiver.
Après s'être fait prendre comme un bleu par les photographes de la presse people et avant d'opérer le grand virage économique qui s'impose, M. Hollande doit tirer les leçons de son impopularité, qui relève du cas d'école. Il est dans une telle impasse qu'il lui faut changer au plus vite de politique, de disque, de style, de tout. Pourra-t-il relever le défi ?
La droite la plus bête du monde n'est pas le moindre de ses atouts. Pour preuve, les larmes de crocodile de M. Copé, prince de la bouffonnerie involontaire, sur l'image "désastreuse" de la France à l'étranger depuis la révélation de la passion présidentielle. Saperlotte ! Si c'est tout ce que le "président" de l'UMP a trouvé comme angle d'attaque pour les prochains mois, M. Hollande n'a rien à craindre. Prenons le pari : dans quelques mois, cette intrusion dans la vie privée du chef de l'État ne sera plus qu'un mauvais souvenir, surtout s'il fait avancer ses nouvelles idées pour la France, ce qui n'est pas gagné, loin de là.
Le journalisme, hélas, ne s'arrête plus à la porte de la chambre à coucher. Au train où vont les choses, la société du spectacle se glissera bientôt sous les draps pour prendre des photos. Tous les puissants, du moins dans nos démocraties, sont logés à la même enseigne et priés de passer par l'essoreuse médiatique, qui n'est cependant pas une broyeuse. Nuance.
Après les lamentables déboires de M.Clinton, l'Histoire a montré que, dans les affaires privées, le ridicule ne tuait pas, fût-ce les pécheurs récidivistes comme lui, parjures de surcroît. C'est ainsi que le président américain a pu quitter la Maison-Blanche en pleine gloire, avec des taux de popularité et de croissance à faire pâlir M. Hollande de honte ou de jalousie.
Si image "désastreuse" il y a, c'est à cause du délabrement économique de la France, qui, depuis trois décennies, nous fait dégringoler de plus en plus vite. Sur ce plan, M. Hollande a commis une grosse erreur en forçant sa nature sociale-démocrate pour suivre la mauvaise pente des socialistes franco-français, celle d'une économie surfiscalisée, suradministrée et, pour tout dire, surannée. Pour changer de cap, il devra changer jusqu'à son personnage.
Jusqu'alors, rien n'était plus étranger à M.Hollande que notre monarchie républicaine. De toutes ses fibres, il refusait le principe de l'omniprésidence et laissait ses ministres dufloter ou montebourger à qui mieux mieux, quitte à rappeler à l'ordre l'un d'eux de temps en temps. Convaincu de n'avoir pas la science infuse, le président écoutait, hésitait, négociait. Là où M. Sarkozy se déplaçait avec des divisions de gardes du corps armés jusqu'aux dents, ce modeste enfourchait un pauvre scooter avec un seul policier pour le protéger. Pas banal.
Paradoxalement, il y avait du Merkel en Hollande. C'était un gouvernant programmé pour l'Europe du Nord qui aurait volontiers pris le métro pour se rendre au travail. Il s'était toujours tant méfié du charisme des hommes prétendument providentiels qu'il s'échinait à n'en laisser paraître aucun. Il se construisait contre la plupart des grandes figures de la Ve République : de Gaulle, Giscard ou Mitterrand.
Ce sont souvent les personnages les plus humbles qui commettent les plus gros péchés d'orgueil. C'en fut un, de taille, que de s'imaginer que c'était à la Ve République, et non l'inverse, de s'adapter à sa personne. Que ça lui chante ou pas, M. Hollande est condamné à cette solennité qui, sous ce régime, va de pair avec l'exercice du pouvoir présidentiel. Même s'il lui faudra se garder du "syndrome de la Montgolfière", maladie de certains de ses prédécesseurs, il est désormais contraint de se présidentialiser pour mener, en s'affranchissant du PS, sa nouvelle politique, qui donnera, c'est écrit, des boutons à la gauche de sa majorité parlementaire.

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