TOUT EST DIT

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jeudi 12 décembre 2013

Prises d’otages


La gauche française a le génie, si l’on peut dire, de démonétiser les causes les plus honorables. On s’en est aperçu ces jours derniers avec le congrès des Verts et les barnums “antiracistes”. Double ratage, double imposture. La menace d’un sac de la planète à moyenne échéance n’est pas un fantasme ; en conséquence, il n’est rien de plus opportun ni de plus urgent que de nous en prémunir. Mais après avoir été jadis l’otage du régime de Vichy (“La terre ne ment pas”), l’écologie connaît une infortune du même ordre : le gauchisme issu de Mai 68 l’a confisquée depuis quarante ans pour l’instiller à titre d’adjuvant dans son brouet idéologique.
En dérivant de Vichy au Larzac, elle s’est enlisée dans un “ordre moral” guère moins pesant que celui de Pétain. La nouvelle égérie des Verts, une certaine Emmanuelle Cosse, ancienne militante d’Act Up (« hétéro », souligne curieusement la presse), est un clone gaucho-bobo de Cécile Duflot, la ministre la plus impopulaire du gouvernement, et peut-être bien la plus sectaire en dépit de son sourire enjôleur. Cette dame incarne la double mise sous séquestre — par idéologie et par arrivisme — d’un sujet qui devrait transcender les clivages partisans et dont les Français se désintéressent, au grand dam des écolos sincères.

Même enfumage avec ces manifs soi-disant fomentées pour combattre le “racisme”. Les Français ne sont ni plus ni moins xénophobes que tout autre peuple sur la planète depuis la nuit des temps, et grâce au ciel, les racistes invétérés ne courent pas les rues. De nombreux compatriotes estiment que trop d’étrangers vivent sur notre sol et que l’on fait la part trop belle aux récriminations des minorités. Certains redoutent un fractionnement du pays en communautés ingérables par l’effet de flux migratoires incontrôlés. Rien à voir avec le racisme, pathologie universelle de la conscience identitaire quand elle se sent menacée ou brimée.
En amalgamant des craintes légitimes et des dérapages rarissimes, en feignant d’accréditer la menace bidon d’un “fascisme” introuvable et en enrôlant leurs dupes dans un simulacre de “résistance”, les socialistes et leurs alliés insultent l’histoire et jouent avec le feu. Serais-je raciste, se demande le Français lambda qui ne se voit pas manifester avec des “alternatifs” de souche stalinienne, des trotskistes du NPA, des apparatchiks du PCF ou du PS, des “associatifs” improbables ? Sans doute le suis-je, se dit-il, puisque leur puritanisme compassionnel et leur mépris de l’autochtone m’insupportent. Ainsi, le citoyen ordinaire se résigne à en dosser une appellation banalisée par le cynisme, le pharisaïsme, le sectarisme des Harlem Désir de service.
A l’aune de la gauche, l’antiracisme ne se porte que sur ses terres, c’est une chasse gardée où l’on tire à vue sur le gibier de droite. En sorte que le droitier a tendance à confondre une cause avouable et ceux qui la monopolisent aux fins de le culpabiliser. Le même réflexe l’incitera logiquement à récuser l’écologie dévoyée par la bande à Duflot, comme semblent le penser — un peu tard — Daniel Cohn-Bendit et Noël Mamère.
Par captation indue, la gauche aux abois discrédite pour longtemps le souci écologique. C’est fâcheux. Elle suscite des pulsions malsaines en embarquant l’antiracisme dans ses galères partisanes. C’est dangereux. Chacune de ses manifs attise la vindicte de citoyens exaspérés par la théâtralisation agressive de la bonne conscience, version rive gauche. La France n’est pas raciste, mais si par malheur elle le devenait, on saurait qui sont les incendiaires.

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