TOUT EST DIT

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lundi 4 novembre 2013

Poison lent

Poison lent


Quelques jours seulement après la libération des quatre otages français d'Arlit, l'assassinat, samedi, des deux journalistes de RFI au Nord-Mali, nous ramène à une atroce réalité. L'insatiable cruauté des preneurs d'otages nous condamne, face à l'épreuve renouvelée, à une sobre dignité et une solidarité sans failles. On voit bien que la barbarie des ravisseurs se nourrit de nos emportements émotionnels, qui donnent du retentissement à leurs exactions, et des polémiques qui les accompagnent. À peine les otages d'Arlit étaient-ils rentrés en France que se déclenchait l'infernal tourbillon des rumeurs sur les conditions de leur libération. On comprend mieux, aujourd'hui, le silence qu'ils observèrent sur le tarmac de Villacoublay face au déferlement médiatique.
Depuis hier, ce sont d'autres lancinantes questions qui sont posées. Elles aussi affectent le besoin d'unité nationale. Et si les journalistes, qui avaient bravé les recommandations des forces Serval, avaient pris un risque inconsidéré ? Et si l'État français, compréhensif avec les Touareg, avait ouvert la porte à la surenchère ? Et si la prise en chasse des ravisseurs les avait conduits à exécuter les journalistes ? Et si… Et si… Autant de supputations qui interviennent comme un poison lent.
Le seul point dépourvu d'ambiguïté concerne la dangerosité de la situation à Kidal malgré la présence militaire. L'infiltration de petits groupes terroristes prouve que la souveraineté du Mali, un peu vite célébrée, reste à faire. Pourquoi nos journalistes, dans ce contexte, n'ont-ils pas bénéficié d'une protection ?
Leur exécution reste, en tout cas, un acte abject. Même si elle n'est ni plus ni moins insupportable que celle de victimes plus anonymes, elle revêt valeur supplémentaire de symbole. Parce que les journalistes sont les « yeux de nos consciences », on constate qu'ils deviennent aujourd'hui des cibles pour les fanatiques. Les ravisseurs savent que la « qualité » des victimes va engendrer une mobilisation et un émoi considérables. Songeons à les priver de cette délectation sadique.

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