lundi 25 novembre 2013
L'insulte, arme ultime de la gauche larguée
L'insulte, arme ultime de la gauche larguée
Le réveil du peuple n’est décidément pas du goût de ceux qui prétendent encore parler en son nom. Dans Le Monde de samedi, l’intellectuel Daniel Lindenberg parle d’"agitation fascisante" à propos de l’insurrection civique que je décrivais dans lebloc-notes du 15 novembre. Appliquant la vieille recette de la reductio ad hitlerumdénoncée par Leo Strauss, l’historien assure : "Une certaine tentation factieuse renaît des profondeurs d’une droite française dite parfois un peu vite républicaine (…)". Et encore : "Les héritiers de Maurras se coiffent de bonnets rouges". Lindenberg, qui ne se pose pas la question de savoir pourquoi les Oubliés sont à ce point exaspérés, soutient que la véritable insurrection civique est celle qui s’impose devant "le retour à visage découvert des idées les plus rances". La violence et la haine contenues dans ces propos ressemblent à un hurlement de détresse et de rage : celle d’une gauche qui a perdu le contact avec les gens, qui ne comprend plus leur révolte, qui n’a plus le monopole des manifestations de rues. Non, l’insurrection ne viendra pas de ces "progressistes" sectaires, qui n’ont jamais su argumenter autrement qu’en traitant de fascistes et de nazis leurs contradicteurs. Ils ont perdu la bataille des idées, faute d’un minimum d’ouverture aux autres et aux réalités.
Ce divorce avec le peuple n’est pas seulement une humiliation pour les doctrinaires habitués à se pousser du col. Les syndicats viennent de démontrer eux-mêmes leur perte d’influence dans les luttes qui s’écrivent. La réplique aux Bonnets rougesqu’ils ont voulu organiser, samedi en Bretagne, s’est soldée par un échec. Répartis entre Rennes, Lorient, Saint-Brieuc, et Morlaix, les manifestants n’ont pas réuni, au total, la moitié de ceux qui avaient spontanément défilé à Quimper, le 2 novembre. Ces corps intermédiaires ont dénoncé, eux aussi, ceux qui leur tournent le dos. Ces derniers ont notamment été traités de "poujadistes", pour ne retenir que le plus aimable. Le front syndical que la CGT et la CFDT annoncent, ce lundi, vouloir constituer contre le "populisme", ne ménagera pas ses insultes contre les Indignés, coupables de vouloir désormais se faire entendre par eux-mêmes. Mais il est peu probable que les rentiers du combat social, défenseurs d’illégitimes chasses gardées, intimident les nouveaux braconniers de la société civile. Jean-Marc Ayrault, qui ouvre ce matin les consultations sur son obscure réforme fiscale en recevant ces syndicats démonétisés, confirme d’ailleurs que la gauche ne comprend rien à la colère des Français. Il va donc falloir probablement, pour eux, mettre les points sur les i.
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