dimanche 27 octobre 2013
LE LAB A PU VOIR LE DOCUMENTAIRE "CAMPAGNE INTIME" SUR NICOLAS SARKOZY : MORCEAUX CHOISIS
INFO LAB - La campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 fut racontée de l'intérieur dans un livre. "L'aube, le soir ou la nuit" (Flammarion) de Yasmina Reza. Sa défaite annoncée, en 2012, fait l'objet d'un documentaire qui sera diffusé sur D8 le 5 novembre. Un passionnant document que le Lab a pu voir en avant première.
La réalisatrice du documentaire, l'ancienne mannequin Farida Khelfa fut le temoin de mariage de Carla Bruni et a réalisé un portrait intime de Jean-Paul Gaultier, dont elle fut l'égérie et un autre de Christian Louboutin, actuellement en montage.
Interrogée ce samedi par Le Lab, l'actrice et ambassadrice de la marque Schiaparelli explique sa démarche :
Je trouvais interessant de montrer la dichotomie entre la personne publique et la personne privée. Pour moi, avant d'être un chef de l'État, c'est un chef de famille. Il a oublié ma petite caméra. Ce qui me permet de filmer sans ajouter de voix off. Les images parlent d'elles mêmes.
Que voit on dans ce documentaire ? Très peu de politique. Rien sur la ligne très à droite de sa campagne, sur la fameuse ligne Buisson. Mais un Sarkozy jamais vu à la télé.
Un chef de l'État en mode bisounours, très amoureux de sa femme, totalement gaga devant sa fille Giulia.
Un Sarkozy qui tape des mains quand sa femme chante du Dalida dans l'avion présidentiel, en compagnie d'Alain Juppé et Henri Guaino.
Un Sarkozy qui dit de Bernadette Chirac : "Je ne peux pas écouter cette dame tellement je l'aime. J'ai tellement peur. C'est comme si c'était ma mère qui faisait un discours".
Un Sarkozy cultivé, entouré de livres et de tableaux, qui cite Victor Hugo, Simenon et récite longuement les paroles de chanson de Bob Dylan.
Un Sarkozy intime, qui parle d'une toute petite voix, en peignoir, dans ses appartements privés.
Nicolas Sarkozy chez lui (D8).
Ce documentaire de 52 minutes commence anecdotiquement comme une téléréalité amateur aux cadrages parfois hasardeux sur un candidat en campagne et finit en filmant tout simplement une page d'Histoire, permettant ainsi au téléspectacteur d'assister, comme une petite souris, au moment où le président de la République comprend qu'il a perdu, demande (en vain) à son camp de rester uni et confie à Edouard Ballardur qu'il compte désormais "faire l'avocat".
POINT CHEMINADE
L'usage républicain veut que avant de passer dans l'isoloir, chaque électeur prenne tous les bulletins de vote, même s'il sait pour qui il va voter. Une chose que n'a pas faite Nicolas Sarkozy le 22 avril 2012. Et il s'en amuse, en rentrant à l'Élysée, après avoir voté :
- Nicolas Sarkozy : "Ma femme a voulu. Je lui ai dit que j'allais prendre plusieurs bulletins, j'ai pris deux Sarkozy."
- Carla Bruni-Sarkozy : "Après il m'a dit d'en prendre un autre pour avoir l'air vaguement républicain, il m'a donné Cheminade. Cheminade !"
BOULETTE
Le documentaire montre aussi Nicolas Sarkozy relisant ses discours en les stabylotant et testant ses formules sur ses conseillers. Le 1er mai, après le meeting géant du Trocadéro, Nicolas Sarkozy débrief au téléphone avec un correspondant dont on ne connait pas l'identité :
Je te dis, c'était parfait. Mais alors du coup j'ai fait une immense connerie. J'ai oublié le sursaut national. Tu sais, moi, ça me prend une énergie, tu n'imagines pas. La salle, là, c'est inhumain c'est bien pire que la Concorde, ça part dans tous les sens.
LA DÉFAITE EXPLIQUÉE AUX ENFANTS
Toujours dans les appartements privées du couple présidentiel, le soir du 6 mai, Carla Bruni s'adresse à son fil Aurélien et un ami à lui : "Les enfants, ça a l'air mal barré hein. Les premiers chiffres sont pas supers bons. [...]. C'est probablement pas sur qu'on puisse gagner".
La caméra n'est pas là quand Nicolas Sarkozy apprend officiellement sa défaite. Mais on l'apprend avec Carla qui demande à ses enfants d'être compréhensifs et sage : "Tu sais combien d'années de vie politique il a fait Nicolas ? 37 ans. Aujourd'hui il ferme la porte de 37 ans de vie politique. C'est à lui qu'il faut penser. Il faut être très gentil avec lui."
- Aurélien : "J'ai pas envie qu'il arrête"
- Carla Bruni : "Ah bah quand on est président, on peut plus rien faire."
6 mai 2012, Nicolas Sarkozy sait qu'il a perdu et demande à son camp de rester uni. (D8)
#UNITÉ
En fin d'après midi, le 6 mai 2012, Carla Bruni introduit alors son amie Farida Khelfa et sa petite caméra dans le salon vert où se réunit tous les barons de la majorité sortante. C'est le moment le plus intéressant, politiquement, du documentaire. Une scène mainte fois racontée mais pour la première fois diffusée à la télévision.
Face à François Fillon, Nicolas Sarkozy cale les éléments de langage avec toutes les personnes susceptibles de s'exprimer au cours de la soirée électorale qui s'annonce. Sont donc présents Henri Guaino, Rama Yade, Rachida Dati, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, le sondeur Pierre Giacometti, Alain Juppé, Franck Louvrier, François Baroin, Nadine Morano, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et son fidèle Brice Hortefeux.
Nicolas Sarkozy lit le texte de son discours de la Mutualité puis se lance dans une ode à l'union de son camp :
Surtout, surtout, il faut rester uni. Le débat fou, c'est la validation de notre stratégie : aller au peuple, parler à tout le peuple.
Ce matin, le vote, c'était extremement émouvant de voir ces centaines de personnes. Je ne peux pas partir comme ça à la cloche de bois sans leur dire.
- Une femme (on ne voit pas qui) : "Tu veux qu'on t'accompagne à la Mutualité ?"
- Nicolas Sarkozy : "Non, faites de la télé, c'est très bien. Je ne suis pas du tout amère. J'ai fait la campagne que je voulais faire. Je me suis battu avec vous. C'est mieux de partir comme ça qu'avec un coup de pied au derrière immense".
On l'interrompt. "C'est monsieur Balladur". "Oui oui qu'il rentre", répond il avant de congédier la tablée.
La caméra de Farida Khelfa suit alors Nicolas Sarkozy dans son bureau en compagnie d'Edouard Balladur, Carla Bruni, et également son fils, Louis, très silencieux.
PLAN B
Le chef de l'État battu évoque à l'imparfait avec Edouard Balladur une "autre solution" que son retrait de la vie politique.
- Nicolas Sarkozy : "L'autre solution consistait à ce que je me présente aux législatives dans ma circonscription, que je prenne la présidence de l'UMP que je conduise la..."
- Edouard Balladur :"C'est pas possible"
- Nicolas Sarkozy : "J'ai pas voulu"
AMBIGUITÉ
- Carla Bruni réconforte son mari en fumant une cigarette : "C'est beau de partir comme ça. Et puis tu verras…Là où je suis d'accord avec toi c'est qu'il ne faut pas etre si définitif, il faut fermer la porte dans les jours qui viennent aux législatives mais pas définitif vis à vis des gens. Tu as vu comment les gens t'aimaient ? Mais il est ambigu le texte..."
- Nicolas Sarkozy : "Non, il n'est pas ambigu sur la politique. Il est ambigu sur l'affection. Je reste l'un des votres. Je vous aime. Mais le recours ça n'existe pas. Je n'y crois pas. Et puis alors ça vous fout la vie en l'air.
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni face à Edouard Balladur, le 6 mai 2012 (D8).
DIALOGUE HISTORIQUE
- Edouard Balladur : "De Gaulle, il a passé de 56 ans quand il est parti en 1946 à 68 ans en disant je veux être le recours. Et oh miracle, l'armée s'est rebellée en Algérie."
- Nicolas Sarkozy : "Mais moi je veux faire l'avocat, je veux me prendre des bureaux tranquillement puisque la République offre au président sortant des bureaux. Je m'y installerai tranquillement."
- Edouard Balladur : "Vous avez une idée déjà ?"
- Nicolas Sarkozy "Non. Moi je me suis engagé dans la campagne à fond. Pas à moitié."
- Edouard Balladur "Parce que Mitterrand avait monté son affaire à l'avance..."
- Nicolas Sarkozy : "Oui mais il était sûr de partir."
Un silence.
- Edouard Balladur "Oui bien sûr. Il y a une différence notable"
Long silence
-Edouard Balladur : "Il faudrait que vous puissiez parler avant 20H30"
- Nicolas Sarkozy "Oui bien sûr, j'attends François Hollande et puis voilà."
Long silence
"Et puis c'est tout"
"Campagne intime" de Farida Khelfa sera diffusé mardi 5 novembre à 20H50 sur D8
[Bonus track] Pourquoi D8 ? Interrogée par Le Lab, l'ancienne mannequin indique qu'elle a mis du temps à monter ces images avant de proposer ce documentaire à "quelques chaînes" de télévision, au pluriel, sans vouloir préciser lesquelles. "C'est D8 qui a été la plus réactive en me proposant un prime time".
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